« Celui qui n’aime pas d’un amour pas­sion­né la Patrie, toutes les choses hautes et belles qu’elle repré­sente, le pas­sé de ses aïeux, l’avenir de ses enfants, la force de sa race, est sur la pente de la déca­dence et s’achemine vers sa fin. On n’a contes­té la Patrie, on n’en a dis­cu­té l’idée sainte que dans les nations en proie à l’anarchie morale et près de suc­com­ber sous le poids de leurs fautes. Les répu­bliques grecques finis­santes, Rome aveu­lie et cor­rom­pue ont vu naître les sophistes, pro­fes­sant qu’il n’y avait plus de Patrie et qu’il fal­lait uni­que­ment son­ger à bien vivre. Ils ont pré­ci­pi­té la Grèce et Rome vers la mort, la mort cruelle et igno­mi­nieuse, sous la domi­na­tion étran­gère ou dans la furieuse des­truc­tion de l’invasion des bar­bares. Les peuples modernes, la France sur­tout, hélas ! ont aujourd’hui leurs sophistes. Ils prêchent un cos­mo­po­li­tisme dis­sol­vant qui détrui­rait, si l’on n’y pre­nait garde, et le patrio­tisme et la Patrie elle-même. »

Paul Dou­mer
Livre de mes fils, édi­tions Vui­bert et Nony, 1906