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Le livre
Dans les forêts de Sibérie

Dans les forêts de Sibérie

Auteur : Syl­vain Tesson
Édi­teur : édi­tions Gal­li­mard (1er sep­tembre 2011)

Le mot de l’au­teur : « Assez tôt, j’ai com­pris que je n’al­lais pas pou­voir faire grand-chose pour chan­ger le monde. Je me suis alors pro­mis de m’ins­tal­ler quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibé­rie. J’ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baï­kal. Là, pen­dant six mois, à cinq jours de marche du pre­mier vil­lage, per­du dans une nature déme­su­rée, j’ai tâché d’être heu­reux. Je crois y être par­ve­nu. Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suf­fisent à la vie. Et si la liber­té consis­tait à pos­sé­der le temps ? Et si le bon­heur reve­nait à dis­po­ser de soli­tude, d’es­pace et de silence – toutes choses dont man­que­ront les géné­ra­tions futures ? Tant qu’il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu. »

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Découvrez 24 citations extraites du livre

L’État voit tout ; dans la forêt, on vit caché. L’État entend tout...

« L’État voit tout ; dans la forêt, on vit caché. L’État entend tout ; la forêt est nef de silence. L’État contrôle tout ; ici seuls pré­valent les codes immé­mo­riaux. L’État veut des êtres sou­mis, des cœurs secs dans des corps pré­sen­tables ; les taï­gas ensau­vagent les hommes et délient les âmes. »

Syl­vain Tesson
Dans les forêts de Sibé­rie, édi­tions Gal­li­mard, 2011

Lassés de peupler des villes surpeuplées dont la gouvernance...

« Las­sés de peu­pler des villes sur­peu­plées dont la gou­ver­nance implique la pro­mul­ga­tion tou­jours plus abon­dante de règle­ments, haïs­sant l’hydre admi­nis­tra­tive, excé­dés par l’impatronisation des nou­velles tech­no­lo­gies dans tous les champs de la vie quo­ti­dienne, pres­sen­tant les chaos sociaux et eth­niques à venir, ils déci­de­raient de quit­ter les zones urbaines pour rega­gner les bois. Ils recrée­raient des vil­lages dans des clai­rières, ouvertes au milieu des nefs. Ils s’inventeraient une nou­velle vie. Ce mou­ve­ment s’apparenterait aux expé­riences hip­pies mais se nour­ri­rait de motifs dif­fé­rents. Les hip­pies fuyaient un ordre qui les oppres­sait. Les néo-fores­tiers fui­ront un désordre qui les démo­ra­lise. Les bois, eux, sont prêts à accueillir les hommes ; ils ont l’habitude des éter­nels retours. »

Syl­vain Tesson
Dans les forêts de Sibé­rie, édi­tions Gal­li­mard, 2011

La ruée des peuples vers le laid...

« La ruée des peuples vers le laid fut le prin­ci­pal phé­no­mène de la mon­dia­li­sa­tion. Pour s’en convaincre il suf­fit de cir­cu­ler dans une ville chi­noise, d’observer les nou­veaux codes de La Poste fran­çaise ou la tenue des tou­ristes. Le mau­vais goût est le déno­mi­na­teur com­mun de l’humanité. »

Syl­vain Tesson
Dans les forêts de Sibé­rie, édi­tions Gal­li­mard, 2011

La retraite est révolte. Gagner sa cabane...

« La retraite est révolte. Gagner sa cabane, c’est dis­pa­raître des écrans de contrôle. L’ermite s’efface. Il n’envoie plus de traces numé­riques, plus de signaux télé­pho­niques, plus d’impulsions ban­caires. Il se défait de toute iden­ti­té. Il pra­tique un hacking à l’envers, sort du grand jeu. Nul besoin d’ailleurs de gagner la forêt. L’ascétisme révo­lu­tion­naire se pra­tique en milieu urbain. La socié­té de consom­ma­tion offre le choix de s’y confor­mer. Il suf­fit d’un peu de dis­ci­pline. Dans l’abondance, libre aux uns de vivre en pous­sah mais libre aux autres de jouer les moines et de vivre amai­gris dans le mur­mure des livres. Ceux-ci recourent alors aux forêts inté­rieures sans quit­ter leur appartement. »

Syl­vain Tesson
Dans les forêts de Sibé­rie, édi­tions Gal­li­mard, 2011

Il faut d’abord avoir souffert d’indignation dans le cœur des villes modernes...

« La ten­ta­tion éré­mi­tique pro­cède d’un cycle immuable. Il faut d’abord avoir souf­fert d’indignation dans le cœur des villes modernes pour aspi­rer à une cabane fumant dans la clai­rière. Une fois anky­lo­sé dans la graisse du confor­misme et enkys­té dans le sain­doux du confort on est mûr pour l’appel de la forêt. »

Syl­vain Tesson
Dans les forêts de Sibé­rie, édi­tions Gal­li­mard, 2011

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