« La poésie est bien la patrie des dieux. »
Rémi Soulié
Racination, éditions Pierre Guillaume de Roux, 2018
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« La poésie est bien la patrie des dieux. »
Rémi Soulié
Racination, éditions Pierre Guillaume de Roux, 2018
« Et si l’effondrement de la flèche était la suite logique de ce que nous faisons subir à l’Histoire ? L’oubli, le ricanement, la certitude de nous-même, l’emballement, l’hybris, le fétichisme de l’avenir… et un jour, les cendres. »
Sylvain Tesson
Notre-Dame de Paris, Ô reine de douleur, Éditions des Équateurs, 2019
« Notre-Dame est une cathédrale du Christ mais, chevet au levant et tours au couchant, elle est également un temple solaire. Chaque jour, Paris changeait. Le ciel imprimait d’imperceptible nuances sur la ville. Paris prend mieux la lumière d’orage que la clarté d’azur. »
Sylvain Tesson
Notre-Dame de Paris, Ô reine de douleur, Éditions des Équateurs, 2019
« Un pays qui n’a plus de légendes, dit le poète, est condamné à mourir de froid. C’est bien possible. Mais un peuple qui n’aurait pas de mythes serait déjà mort. La fonction de la classe particulière de récits que sont les mythes est en effet d’exprimer dramatiquement l’idéologie dont vit la société, de maintenir devant sa conscience non seulement les valeurs qu’elle reconnaît et les idéaux qu’elle poursuit de génération en génération, mais d’abord son être et sa structure mêmes, les éléments, les liaisons, les équilibres, les tensions qui la constituent, de justifier enfin les règles et les pratiques traditionnelles sans quoi tout en elle se disperserait. »
Georges Dumézil
Heur et malheur du guerrier, Presses universitaires de France, 1969, éditions Flammarion, coll. Champs, 1999
« Les droits de l’homme ont pour source première une théologie chrétienne. Mais une théologie déviée. »
Michel Villey
Le droit et les droits de l’homme, Presses Universitaires de France, coll. Quadrige, 2014
« Ce n’est pas dans le train-train du monde bourgeois, mais dans un tonnerre d’apocalypse que renaissent les religions. »
Walter Schubart
L’Europe et l’âme de l’Orient (Europa und die Seele des Ostens), 1938, trad. de Denise Moyrand et Nathalie Nicolsky, éditions Albin Michel,1949
« Certes l’Amérique exporte beaucoup de camelote, mais le roman de série noire et la science-fiction sont des genres bien vivants, qui ont sorti le roman contemporain du bourbier naturaliste et lui ont redonné un certain sens du mythe, de la grandeur. »
Pierre Gripari
Critique et autocritique, éditions L’Âge d’Homme, 1981
« Les modernes, en effet, depuis Rousseau, s’imaginent qu’il existe une sorte de nature normale, à laquelle la culture et la religion seraient venues surajouter leurs faux problèmes… Cette illusion touchante peut les aider à vivre, mais non pas à comprendre leur vie. Car tous, tant que nous sommes, sans le savoir, menons nos vies de civilisés dans une confusion proprement insensée de religions jamais tout à fait mortes, et rarement tout à fait comprises et pratiquées ; de morales jadis exclusives mais qui se superposent ou se combinent à l’arrière-plan de nos conduites élémentaires ; de complexes ignorés mais d’autant plus actifs ; et d’instincts hérités bien moins de quelque nature animale que de coutumes totalement oubliées, devenues traces ou cicatrices mentales, tout inconscientes et, de ce fait, aisément confondues avec l’instinct. Elles furent tantôt des artifices cruels, tantôt des rites sacrés ou des gestes magiques, parfois aussi des disciplines profondes élaborées par des mystiques lointaines à la fois dans le temps et dans l’espace. »
Denis de Rougemont
L’amour et l’Occident, éditions Plon, 1939, rééditions, 1956, 1972, éditions 10⁄18, 2001
« Le curé ressemblait au maire, sauf qu’il n’avait pas de moustaches. C’était en effet, de par la fonction, son frère jumeau. C’est ainsi que fonctionne le monde : dans chaque village, dans chaque campement, il y a un sorcier et un chef. Ils se détestent, mais sont complices, et les bonnes gens ont bien besoin d’eux. »
Pierre Drieu la Rochelle
La Comédie de Charleroi, 1934, éditions Gallimard, coll. L’Imaginaire, 1996
« Plus ils se rapprochaient du faîte de la montagne sacrée et plus chaque arbrisseau, chaque arbre semblait posséder sa propre nature divine comme si, tout naturellement, il était lui-même devenu un dieu.
Lorsque, par exemple le vent attrapait les extrémités des grands chênes, dispersant leurs fleurs en nuée jaune pâle qui planait ensuite à travers la solitude forestière de la montagne, Honda sentait en lui que ce tableau éclatait d’esprit divin, comme une brusque décharge électrique. »
Yukio Mishima
Chevaux échappés, 1969, trad. Tanguy Kenec’hdu, éditions Gallimard 1980, coll. Quarto, 2004
« Un primate déroula vers les cimes des arbres les vingt-quatre os de ses vertèbres mobiles et les quatorze os soudés de sa face aveuglée par le soleil. La nuit venue, pieds écartés, jambes tremblantes encore, les bras levés sous les rumeurs riveraines, il grognait son incantation vers les étoiles et s’exerçait au tutoiement de ses dieux. »
Jean-François Gautier
La sente s’efface, éditions Le temps qu’il fait, 1996
« Il a existé un catholicisme rural qui, quant à lui, était polylâtre, à cultes multiples, et magnifiait nombre de saints locaux, ceux des territoires paroissiaux. Il en subsiste encore des traces en Bretagne, en Irlande, en Espagne ou en Italie. Ce catholicisme-là a été le dernier conservatoire des ferveurs européennes traditionnelles, très éloignées des contenus monothéistes officiels. »
Jean-François Gautier
Entretien au site Le Rouge et le Noir, 5 avril 2016