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Citations sur les mythes et religions

Le cycle mystérieux de la chute et du refait saisonnier…

« Le cycle mys­té­rieux de la chute et du refait sai­son­nier de ses bois l’assimile à l’arbre de vie. La sève qui nour­rit sa ramure sur­git des mêmes sources que la semence inépui­sable dont il inonde le ventre des biches à la sai­son du brame. Dans le refait de ses bois, dans l’ivresse du rut et dans le com­bat contre ses rivaux, il est la fécon­di­té incar­née, l’image vivante de la per­pé­tuelle régé­né­ra­tion de la nature. Depuis les temps les plus recu­lés, sa majes­té, sa ramure et sa fer­ti­li­té ont acquis un pou­voir sans égal sur l’imagination des hommes. »

Domi­nique Venner
Dic­tion­naire amou­reux de la chasse, édi­tions Plon, coll. Dic­tion­naire amou­reux, 2006

Le héros était l’idéal du Grec. Peut-on dire qu’il est sublime ?

« Le héros était l’idéal du Grec. Peut-on dire qu’il est sublime ? Achille est beau. Les héros, comme les dieux grecs sont beaux. Les meilleurs des Grecs sont beaux. Le sublime, me semble-t-il, appar­tient au chris­tia­nisme. Une église est sublime parce qu’elle tend vers l’infini, comme l’idéal chré­tien de la sain­te­té qui se réa­lise dans l’au-delà. Alors que le temple grec est beau parce que le dieu est là. Le temple est la demeure du dieu où son rayon­ne­ment se ressent. »

Mar­cel Conche
Épi­cure en Cor­rèze, édi­tions Stock, 2014

Toi seule es jeune, ô Cora ; toi seule es pure, ô Vierge…

« Toi seule es jeune, ô Cora ; toi seule es pure, ô Vierge ; toi seule es saine, ô Hygie ; toi seule es forte, ô Vic­toire. Les cités, tu les gardes, ô Pro­ma­chos ; tu as ce qu’il faut de Mars, ô Aréa ; la paix est ton but, ô Paci­fique. Légis­la­trice, source des consti­tu­tions justes ; Démo­cra­tie, toi dont le dogme fon­da­men­tal est que tout bien vient du peuple, et que, par­tout où il n’y a pas de peuple pour nour­rir et ins­pi­rer le génie, il n’y a rien, apprends-nous à extraire le dia­mant des foules impures. Pro­vi­dence de Jupi­ter, ouvrière divine, mère de toute indus­trie, pro­tec­trice du tra­vail, ô Erga­né, toi qui fais la noblesse du tra­vailleur civi­li­sé et le mets si fort au-des­sus du Scythe pares­seux ; sagesse, toi que Zeus enfan­ta après s’être replié sur lui-même, après avoir res­pi­ré pro­fon­dé­ment ; toi qui habites dans ton père, entiè­re­ment unie à son essence ; toi qui es sa com­pagne et sa conscience ; éner­gie de Zeus, étin­celle qui allumes et entre­tiens le feu chez les héros et les hommes de génie, fais de nous des spi­ri­tua­listes accomplis. »

Ernest Renan
Prière sur l’Acropole, 1865, in Sou­ve­nirs d’en­fance et de jeu­nesse, 1883

Déesse de la sylve et de la nuit, dea silvarum, comme la nomme…

« Déesse de la sylve et de la nuit, dea sil­va­rum, comme la nomme Ovide, por­tant dans ses che­veux d’or un crois­sant de lune, Diane-Arté­mis est tou­jours accom­pa­gnée d’un cerf ou de biches. Elle est à la fois la pro­tec­trice de la nature sau­vage et l’incarnation de la chasse. Deux fonc­tions com­plé­men­taires dont la jux­ta­po­si­tion antique est constante. Contrai­re­ment à Aphro­dite, Arté­mis n’est pas asso­ciée à l’amour et à la fécon­di­té. Elle est en revanche la déesse des enfan­te­ments, la pro­tec­trice des femmes enceintes, des femelles pleines, des enfants vigou­reux, des jeunes ani­maux, et pour tout dire, de la vie avant les souillures de l’âge. Son image s’accorde avec l’idée que les Anciens se fai­saient de la nature. Ils ne la voyaient pas à la façon dou­ce­reuse de Jean-Jacques Rous­seau ou des pro­me­neurs du dimanche. Ils la savaient redou­table aux faibles et inac­ces­sible à la pitié. C’est par la force que Diane-Arté­mis défend sa pudeur et sa vir­gi­ni­té, c’est-à-dire le royaume invio­lable de la sau­va­ge­rie. Elle tuait féro­ce­ment tous les mor­tels qui l’offensaient ou négli­geaient ses rites […] La pudeur et la vir­gi­ni­té d’Artémis sont une allé­go­rie des inter­dits qui pro­tègent la nature. La ven­geance de la dea sil­va­rum est celle de l’ordre du monde mis en péril par une pul­sion exces­sive, l’hubris, la démesure. »

Domi­nique Venner
Dic­tion­naire amou­reux de la chasse, édi­tions Plon, coll. Dic­tion­naire amou­reux, 2006

Les qualités propres à l’aristocratie sont difficiles à décrire…

« Les qua­li­tés propres à l’aristocratie sont dif­fi­ciles à décrire, parce qu’elles viennent du cœur et de l’âme plus que du seul intel­lect ou de la seule « rai­son morale ». De même que l’aristocratie relie le peuple aux dieux, elle relie le ciel à la terre, comme l’arbre du monde dans les anciennes mytho­lo­gies. Elle relie aus­si le visible à l’invisible, le fini à l’infini, ce qui se décrit à ce qui ne peut pas se dire. Elle montre les choses mais elle ne les dit pas. »

Alain de Benoist
Les idées à l’endroit, Édi­tions Libres-Hal­lier, 1979

L’arbre est bienfaisant aux dieux et aux hommes…

« L’arbre est bien­fai­sant aux dieux et aux hommes, il les domine et les abrite et son mur­mure chante les légendes divines et les hymnes. Les Gau­lois n’avaient pour temples que les forêts et sou­vent ils com­bat­taient cou­ron­nés de ver­dure pour empor­ter sur eux la force des arbres. Au retour du com­bat, les vain­queurs dépo­saient dans les bois sacrés leurs tro­phées, les glaives, les bou­cliers et les casques […] sous les nou­veaux dieux, ces mys­tères déchus, dont s’effrayait la nou­velle pié­té, devinrent le sab­bat des sor­ciers et l’on racon­ta mille fables. Le sou­ve­nir des forêts sacrées fit naître aus­si les forêts enchan­tées dont les romans de che­va­le­rie sont pleins […]. Et la Vierge Marie fré­quen­ta les arbres que n’habitaient plus les dryades. »

Johan­nès Thomasset
Pages bour­gui­gnonnes, édi­tions de L’homme libre, 2001

Je m’avançais vers Athènes avec une espèce de plaisir qui…

« Ce n’est pas dans le pre­mier moment d’une émo­tion très vive que l’on jouit le plus de ses sen­ti­ments. Je m’avançais vers Athènes avec une espèce de plai­sir qui m’ôtait le pou­voir de la réflexion ; non que j’éprouvasse quelque chose de sem­blable à ce que j’avais sen­ti à la vue de Lacé­dé­mone. Sparte et Athènes ont conser­vé jusque dans leurs ruines leur dif­fé­rent carac­tère : celles de la pre­mière sont tristes, graves, soli­taires, celle de la seconde sont riantes, légères, habi­tées. À l’aspect de la patrie de Lycurgue, toutes les pen­sées deviennent sérieuses, mâles et pro­fondes ; l’âme for­ti­fiée semble s’élever et s’agrandir. Devant la ville de Solon, on est comme enchan­té par les pres­tiges du génie ; on a l’idée de l’homme consi­dé­ré comme un être intel­li­gent et immor­tel. Les sen­ti­ments de la nature humaine pre­naient à Athènes quelque chose d’élégant qu’ils n’avaient point à Sparte. L’amour de la patrie et de la liber­té n’étaient point pour les Athé­niens un ins­tinct aveugle mais un sen­ti­ment éclai­ré, fon­dé sur ce goût du beau dans tous les genres que le ciel leur avait si libé­ra­le­ment dépar­ti ; enfin, en pas­sant des ruines de Sparte aux ruines d’Athènes je sen­tis que j’aurais vou­lu mou­rir avec Léo­ni­das et vivre avec Périclès. »

Fran­çois-René de Chateaubriand
Iti­né­raires de Paris à Jéru­sa­lem, en pas­sant par la Grèce, et en reve­nant par l’É­gypte, la Bar­ba­rie et l’Es­pagne, 1811, édi­tions Gal­li­mard, coll. Folio clas­sique, 2005

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