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Citations sur la guerre
On peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir…
Ne comprenez-vous pas que le don de soi, le risque, la fidélité jusqu’à la mort…
« Ne comprenez-vous pas que le don de soi, le risque, la fidélité jusqu’à la mort, voilà des exercices qui ont largement contribué à fonder la noblesse de l’homme ? Quand vous cherchez un modèle à proposer, vous le découvrez chez le pilote qui se sacrifie pour son courrier, chez le médecin qui succombe sur le front des épidémies, ou chez le méhariste qui, à la tête de son peloton maure, s’enfonce vers le dénuement et la solitude. Quelques-uns meurent chaque année. Si même leur sacrifice est en apparence inutile, croyez-vous qu’ils n’ont point servi ? Ils ont frappé la belle pâte vierge que nous sommes d’abord une belle image, ils ont ensemencé jusqu’à la conscience du petit enfant, bercé par des contes nés de leurs gestes. Rien ne se perd et le monastère clos de murs, lui-même, rayonne. »
Antoine de Saint-Exupéry
Un sens à la vie, éditions Gallimard, coll. Blanche, 1956
Ne pas se laisser ébranler…
« Ne pas se laisser ébranler, sourire jusqu’au bout, et quand le sourire ne serait qu’un masque devant soi-même : cela n’est pas rien. L’homme ne peut pas faire plus que de mourir en se dépassant. Et même les dieux Immortels en sont jaloux malgré eux. »
Ernst Jünger
La guerre comme expérience intérieure (Der Kampf als inneres Erlebnis), 1922, trad. François Poncet, Christian Bourgois éditeur, 1997
Il regardait ses pieds…
« Il regardait ses pieds qui pas à pas le rapprochaient de sa maison. En Russie aussi il regardait ses pieds en marchant dans la steppe ; aussi en Albanie, en Pologne, en Allemagne. Même les pas qui l’avaient éloigné étaient des pas pour revenir. De temps à autre il levait les yeux pour regarder la route qu’il lui restait à faire : les petites lignes droites lui semblaient très longues et les montagnes encore bien loin. »
Mario Rigoni Stern
Sentiers sous la neige (Sentieri soto la neve), 1998, trad. Monique Baccelli, éditions La Fosse aux ours, 2000
Quand le beau temps coïncide…
« Quand le beau temps coïncide avec ma disponibilité, j’aime partir avec mes souvenirs sur les sentiers et les chemins forestiers ; j’observe, aussi, et j’écoute, les signaux que la nature communique au fil des saisons et des années. Mais c’est quand des amis se joignent à moi que je rêve et réfléchis le plus. Ces compagnons de route ne sont plus présents physiquement, leur corps est resté dans des endroits lointains : enseveli sur des montagnes, ou dans la steppe ; dans des cimetières de village avec une simple croix, ou de ville avec une dalle et des fleurs. Et c’est avec eux que je suis et que je converse, en me souvenant. Ceux qui ne croient pas, ou ceux qui croient, peuvent regarder ma façon d’agir avec une bienveillante indulgence. Peu m’importe : moi aussi j’ai des doutes mais il me plaît, certaines fois, de les ignorer. »
Mario Rigoni Stern
Sentiers sous la neige (Sentieri soto la neve), 1998, trad. Monique Baccelli, éditions La Fosse aux ours, 2000
Qui était sorti vainqueur de cette fausse guerre ? Les États-Unis, bien entendu…
« Qui était sorti vainqueur de cette fausse guerre [la guerre froide, NDLR] ? Les États-Unis, bien entendu, et l’économie de marché. Mais aussi la religion de l’Humanité, une, uniforme et universelle. Une religion commune aux deux adversaires de la veille. Et ce n’était pas leur seule affinité. Que voulaient les communistes d’autrefois ? Ils voulaient la mise en commun des richesses de l’humanité et une gestion rationnelle assurant à tous abondance et paix. Ils voulaient aussi la création d’un homme nouveau, capable de désirer ces bienfaits, un homme rationnel et universel, délivré de toutes ces entraves que sont des racines, une nature et une culture. Ils voulaient enfin assouvir leur haine des hommes concrets, porteurs de différences, leur haine également de la vieille Europe, multiple et tragique. Et l’Occident américain, que veut-il ? Eh bien, la même chose. La différence porte sur les méthodes. Récusant la planification par la contrainte, le système américain voit dans le marché le facteur principal de la rationalité et des changements. […]
Le communisme de marché, autre nom du mondialisme, ne partage pas seulement avec son ex-frère ennemi soviétique la vision radieuse du but final. Pour changer le monde, lui aussi doit changer l’homme, fabriquer l’homo œconomicus de l’avenir, le zombi, l’homme du nihilisme, vidé de son contenu, possédé par l’esprit du marché et de l’Humanité universelle. Le zombi se multiplie sous nos yeux. Il est heureux “puisque l’esprit du marché lui souffle que le bonheur consiste à satisfaire tous ses désirs”. Et ses désirs étant ceux du marché ne sont suscités que pour être satisfaits. »
Dominique Venner
Histoire et tradition des Européens, Éditions du Rocher, coll. Histoire, 2002
Tout cela avait perdu sa valeur, tout cela appartenait au temps des victoires…
« Tout cela avait perdu sa valeur, tout cela appartenait au temps des victoires, lorsque les drapeaux pendaient à toutes les fenêtres. Maintenant il n’y avait plus de victoires, maintenant les drapeaux avaient perdu leur radieuse signification, maintenant, à cette heure trouble où tout s’écroulait, la voie à laquelle j’avais été destiné était devenue impraticable, maintenant je me trouvais, sans pouvoir m’en saisir, en face de choses nouvelles, en face de choses qui accouraient de toutes parts, de choses sans forme, où ne vibrait aucun appel clair, aucune certitude qui pénétrait irrésistiblement le cerveau, sauf une pourtant, celle que ce monde où j’étais enraciné, que je n’avais eu ni à accepter ni à adopter, et dont j’étais une parcelle, allait s’effondrer définitivement, irrévocablement, et qu’il ne ressusciterait pas, qu’il ne renaîtrait jamais. […]
La désagrégation de l’ancien ordre jointe au déchaînement des convoitises et des désirs les plus profonds, les plus secrets, et au relâchement de tous les liens, faisait que tous s’éloignaient les uns des autres et il ne semblait plus nécessaire à personne de dissimuler le véritable fond de son être. […] Et tous avaient raison, cette damnée raison était de leur côté, et ils usaient de raisonnements sages et mesurés pour étrangler toute protestation, tout brûlant enthousiasme. […]
Plus de choses s’étaient anéanties pour nous que les seules valeurs que nous avions tenues dans la main. Pour nous s’était aussi brisée la gangue qui nous retenait prisonniers. La chaîne s’était rompue, nous étions libres. Notre sang, soudain en effervescence, nous jetait dans l’ivresse et l’aventure, nous jetait à travers l’espace et le péril, mais il poussait aussi l’un vers l’autre ceux qui s’étaient reconnus parents jusqu’au plus profond de leurs fibres. Nous étions une ligue de guerriers, imprégnés de toute la passion du monde, farouches dans le désir, joyeux dans nos haines comme dans nos amours. […] Si jamais du nouveau vient au monde, c’est bien du chaos qu’il surgit, à ces moments où la misère rend la vie plus profonde, où, dans une atmosphère surchauffée, se consume ce qui ne peut pas subsister et se purifie ce qui doit vaincre. Dans cette masse en ébullition, en fermentation, nous pouvions jeter nos désirs et nous pouvions voir s’élever la vapeur de nos espoirs. »
Ernst von Salomon
Les Réprouvés (Die Geächteten), 1930, trad. Andhrée Vaillant et Jean Kuckenberg, éditions Plon, coll. Feux croisés, 1931
Il est dans la nature de l’homme d’opprimer ceux qui cèdent…
« Il est dans la nature de l’homme d’opprimer ceux qui cèdent et de respecter ceux qui résistent. »
Thucydide
Histoire de la guerre du Péloponnèse, 431 – 411 avant notre ère, trad. Jacqueline de Romilly, Robert Laffont éditeur, coll. Bouquins, 1990
Délivrez la patrie, vos enfants, vos femmes…
« “Délivrez la patrie, vos enfants, vos femmes, les demeures des dieux et les tombeaux de vos aïeux ! Maintenant, c’est le suprême combat !” Eschyle, dans sa tragédie Les Perses (à la bataille de Salamine (-480) s’adressant aux grecs pour les encourager à repousser les envahisseurs). »
Dominique Venner
Un samouraï d’Occident. Le Bréviaire des insoumis, éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2013
Lorsqu’on recherche et qu’on découvre les véritables causes du combat…
« Lorsqu’on recherche et qu’on découvre les véritables causes du combat, on honore l’héroïsme, on l’honore partout, et tout d’abord chez l’ennemi. C’est pourquoi, après une guerre, la réconciliation devrait d’abord se faire entre adversaires combattants. J’écris en tant que guerrier, ce qui n’est peut-être pas d’actualité. Mais pourquoi donc, nous, combattants, ne chercherions-nous pas à nous rencontrer et à nous accorder sur notre propre terrain, celui du courage viril ? Nous ne risquerons pas une déception plus grande que celle qu’éprouvent chaque jour, dans leur propre domaine, les hommes d’État, les artistes, les savants et même les mystiques. N’avons-nous pas serré la main qui venait de nous lancer une grenade, alors que ceux de l’arrière s’enfonçaient toujours plus profondément dans les broussailles de leur haine ? N’avons-nous pas planté des croix sur les tombes de nos ennemis ? »
Ernst Jünger
La Guerre notre Mère (Der Kampf als inneres Erlebnis), 1922, trad. Jean Dahel, éditions Albin Michel, 1934
L’épaisseur du rempart compte moins que la volonté de le prendre…
« L’épaisseur du rempart compte moins que la volonté de le prendre. »
Thucydide
Histoire de la guerre du Péloponnèse, 431 – 411 av. notre ère, trad. Jacqueline de Romilly, Robert Laffont éditeur, coll. Bouquins, 1990
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