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Hommes requis pour voyage périlleux…

« La célèbre annonce parue dans la presse bri­tan­nique au début du 20ème siècle, par laquelle l’ex­plo­ra­teur polaire Sha­ck­le­ton cherche à recru­ter son équi­page : Hommes requis pour voyage périlleux, bas salaire, froid intense, longs mois de ténèbres, dan­gers constants, retour incer­tain. Hon­neur et célé­bri­té en cas de suc­cès.”, je connais tant de jeunes (et de moins jeunes) qui y répon­draient tout de suite, Oui ! Mais qui aujourd’­hui pas­se­rait cette annonce ? »

Jean-Fran­çois Deniau
His­toires de cou­rage, édi­tions Plon, 2000

Sachez-le, c’était un crime…

« Pen­dant des années les cau­che­mars liés à l’é­va­cua­tion de Talung ont rejoint ceux de la dépor­ta­tion. J’a­vais le sen­ti­ment d’a­voir été par­jure. Ce mot veut-il dire encore quelque chose à une époque où la notion d’hon­neur est pas­sée à l’ar­rière-plan ? Disons qu’il ne s’a­gis­sait pas d’un ser­ment che­va­le­resque. Tout sim­ple­ment de cen­taines d’hommes et de femmes dont, par­fois, les moindres traits sont ins­crits dans ma mémoire et à qui, au nom de mon pays, j’a­vais deman­dé un enga­ge­ment au péril de leur vie. Nous les avons aban­don­nés en deux heures. Nous avons pris la fuite comme des mal­frats. Ils ont été assas­si­nés à cause de nous.
Sachez-le, c’é­tait un crime. »

Hélie Denoix de Saint Marc
Toute une vie, édi­tions les arènes, 2004

Mais n’accusons pas les seuls bourgeois…

« Mais n’ac­cu­sons pas les seuls bour­geois sous pré­texte qu’ils ont bon dos : nous sommes tous dans le même train, tous rési­gnés à faire des patiences avec un jeu de cartes sans figures — lit­té­ra­le­ment sans hon­neurs. Un peu de pro­grès encore, et nous ne nous sou­cie­rons même plus d’a­voir des cœurs rouges et des piques noirs. Des cou­leurs inco­lores ? Pour­quoi pas ? Cha­cun d’entre nous est atteint, à un degré plus ou moins grand, du com­plexe de Pro­custe, et nous pro­me­nons sur le monde un regard qui n’en voit plus la gaie­té là même où elle demeure, un regard qui ne recon­naît plus que le noi­râtre, le blan­châtre et une infi­ni­té de gri­sés, un triste regard de dal­to­nien ou d’animal. »

Vla­di­mir Volkoff
Le com­plexe de Pro­custe, édi­tions Jul­liard – L’Âge d’Homme, 1981

Si nous étions malheureux, mourant de faim et de froid…

« Bour­gogne n’é­tait pas en reste dans l’af­fec­tion au chef, mais autour d’une page, il livrait une autre clé : Si nous étions mal­heu­reux, mou­rant de faim et de froid, il nous res­tait encore quelque chose qui nous sou­te­nait : l’hon­neur et le cou­rage.” L’hon­neur et le cou­rage ! Comme ils réson­naient étran­ge­ment, ces mots, deux cents années plus tard. Étaient-ils encore en vie, ces mots, dans ce monde que nous tra­ver­sions pleins phares ? Nous fîmes une courte halte sur le bas-côté, il nei­geait, la nuit sem­blait en larmes dans le fais­ceau des phares. Dieux, me disais-je, en pis­sant dans le noir, nous autres, pauvres gar­çons du XXIème siècle, ne sommes-nous pas des nains ? Alan­guis dans la man­grove du confort, pou­vions-nous com­prendre ces spectres de 1812 ? »

Syl­vain Tesson
Bere­zi­na, édi­tions Gué­rin, 2015, 978−2−35221−089−4, p. 103

Celui qui trompe son ennemi, moyennant la foi qu’il lui jure…

« À ce pro­pos aus­si Andro­li­cas a lais­sé par écrit un mot que vou­lait dire Lysandre, par où il appert qu’il fai­sait bien peu de compte de se par­ju­rer ; car il disait qu’il fal­lait trom­per les enfants avec des osse­lets, et les hommes avec les ser­ments”, sui­vant en cela Poly­crate, le tyran de Samos, mais non pas avec rai­son ; car lui était capi­taine légi­time et l’autre violent usur­pa­teur de domi­na­tion tyran­nique ; et ce n’était point fait en vrai Laco­nien de se com­por­ter envers les dieux ni plus ni moins qu’envers les enne­mis, ou encore pire­ment et plus inju­rieu­se­ment ; car celui qui trompe son enne­mi, moyen­nant la foi qu’il lui jure, donne à connaître qu’il le craint, mais qu’il ne se sou­cie point des dieux. »

Plu­tarque
Vies paral­lèles (in Vie de Lysandre), entre 100 et 120, trad. Anne-Marie Oza­nam, édi­tions Gal­li­mard, coll. Quar­to, 2002

Cette idée d’un bien à sauver…

« Cette idée d’un bien à sau­ver et à trans­mettre est à la base du code d’honneur pay­san. Elle s’oppose à toutes les ten­ta­tions de l’individualisme : l’homme, anneau dans une chaîne, sent obs­cu­ré­ment qu’il doit résis­ter jus­qu’au bout pour que la chaîne ne se brise pas. C’est cet ins­tinct de conti­nui­té qui courbe jus­qu’à la mort le vieux pay­san sur la terre et lui ins­pire cette hor­reur qua­si phy­sique de tom­ber à la charge de ses enfants ou de ses proches. Et c’est de lui que pro­cède aus­si ce savoir-vivre dont la déli­ca­tesse et la pro­fon­deur débordent à l’infini le savoir-faire. Tout dans la conduite de l’existence, depuis le menu quo­ti­dien jus­qu’au choix d’une épouse, est domi­né par ce sen­ti­ment du patri­moine qui, comme le flam­beau ambu­lant des cou­reurs antiques, lie l’individu à son rang et le trans­porte au-delà de lui-même. »

Gus­tave Thibon
Pay­sages du Viva­rais, 1949

Les formes du pouvoir nobiliaire n’ont pas cessé de changer…

« Au fil des siècles, chez les peuples euro­péens et dans cha­cune de leurs cultures par­ti­cu­lières, les formes du pou­voir nobi­liaire n’ont pas ces­sé de chan­ger, et sou­vent de façon rapide, mais la fonc­tion poli­tique et morale de la noblesse, en Grèce, à Rome, en Ger­ma­nie, dans l’Europe médié­vale ou moderne, est res­tée iden­tique pour l’essentiel. La noblesse n’est pas l’aristocratie ; il y a des aris­to­cra­ties de la for­tune et de l’argent. Elle n’est que par­tiel­le­ment dépen­dante de l’hérédité. Elle repose sur le mérite, et celui-ci doit tou­jours être confir­mé. La noblesse se gagne et se perd. Elle vit sur l’idée que le devoir et l’honneur sont plus impor­tants que le bon­heur indi­vi­duel. Ce qu’elle a en propre c’est son carac­tère public. Elle est faite pour diri­ger la chose publique, la res publi­ca. Sa voca­tion n’est pas d’occuper le som­met de la socié­té mais le som­met de l’État. Ce qui la dis­tingue, ce ne sont pas les pri­vi­lèges, mais le fait d’être sélec­tion­née pour com­man­der. Elle gou­verne, juge et mène au com­bat. La noblesse est asso­ciée à la vigueur des liber­tés publiques. Ses terres d’élection sont les liber­tés féo­dales et les monar­chies aris­to­cra­tiques ou consti­tu­tion­nelles. Elle est impen­sable dans les grandes tyran­nies orien­tales, Assur ou l’Égypte. En Europe même, elle s’étiole ou dis­pa­raît chaque fois que s’établit un pou­voir des­po­tique, ce qu’est le cen­tra­lisme éta­tique. Elle implique une per­son­na­li­sa­tion du pou­voir qui huma­nise celui-ci à l’inverse de la dic­ta­ture ano­nyme des bureaux. »

Domi­nique Venner
His­toire et tra­di­tion des Euro­péens, Édi­tions du Rocher, coll. His­toire, 2002

Avec le lait maternel, il avait sucé la tradition…

« Avec le lait mater­nel, il avait sucé la tra­di­tion intan­gible de sa famille. Avant de péné­trer de quoi il s’agissait, il avait appris à com­prendre que sa vie n’était sienne que par­tiel­le­ment. Depuis long­temps déjà, il avait clai­re­ment sai­si qu’il ne tenait pas seule­ment dans sa main son propre hon­neur mais aus­si celui des morts et des gens à naître. Car un homme sans hon­neur jette de l’ombre des deux côtés… Ses ancêtres aus­si bien que ses des­cen­dants avaient une exi­gence sans appel à son égard : l’exigence de l’honneur.
Et il n’avait pas dans l’esprit de tra­hir, ni lui-même, ni les morts, ni les non-nés… »

Gun­nar Gunnarsson
Frères jurés, 1918, édi­tions Fayard, 2000

En 1808, au cours de son voyage dans l’Ouest, Napoléon…

« En 1808, au cours de son voyage dans l’Ouest, Napo­léon ren­con­tra aux Quatre-Chemins-de‑l’Oie une héroïne de la grande révolte ven­déenne. À vingt ans, elle avait com­bat­tu les Bleus pis­to­let au poing. On la pré­sen­ta à l’Empereur qui l’embrassa et la fit embras­ser par l’Impératrice. À ce moment, un homme s’avança. Napo­léon l’interrogea :
 — Et vous, mon­sieur qui saluez si bas, qui êtes-vous ?
 — Mais, répon­dit l’autre, je suis le maire de Saint-Florent, le frère de made­moi­selle Regrenil.
 — Que fai­siez-vous, inter­ro­gea l’Empereur, pen­dant que votre sœur se bat­tait si bien ?
Et le maire, se croyant habile, répondit :
 — Sire, moi, j’étais neutre.
 — Neutre ! écla­ta Napo­léon, alors vous n’êtes qu’un lâche, un jean-foutre.
Et il le chas­sa de sa vue. »

Domi­nique Venner
Le Cœur rebelle, Les Belles Lettres, 1994, réédi­tion Pierre-Guillaume de Roux, 2014

L’Iliade n’est pas seulement le poème de la guerre de Troie…

« L’Iliade n’est pas seule­ment le poème de la guerre de Troie, c’est celui de la des­ti­née telle que la per­ce­vaient nos ancêtres boréens, qu’ils soient grecs, celtes, ger­mains, slaves ou latins. Le Poète y dit la noblesse face au fléau de la guerre. Il dit le cou­rage des héros qui tuent et meurent. Il dit le sacri­fice des défen­seurs de leur patrie, la dou­leur des femmes, l’adieu du père à son fils qui le conti­nue­ra, l’accablement des vieillards. Il dit bien d’autres choses encore, l’ambition des chefs, leur vani­té, leurs que­relles. Il dit encore la bra­voure et la lâche­té, l’amitié, l’amour et la ten­dresse. Il dit le goût de la gloire qui tire les hommes à la hau­teur des dieux. Ce poème où règne la mort dit l’amour de la vie et aus­si l’honneur pla­cé plus haut que la vie, et qui rend plus fort que les dieux. »

Domi­nique Venner
Le Choc de l’histoire, Via Roma­na, 2011

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