« [Ce que nous vivons ?] Une sortie brutale du monde du dû et du lien au monde du soi et du droit. »
Hervé Juvin
Le renversement du monde. Politique de la crise, éditions Gallimard, 2010
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« [Ce que nous vivons ?] Une sortie brutale du monde du dû et du lien au monde du soi et du droit. »
Hervé Juvin
Le renversement du monde. Politique de la crise, éditions Gallimard, 2010
« Aucun des prétendus droits de l’homme ne s’étend au-delà de l’homme égoïste, l’homme en tant que membre de la société bourgeoise, c’est-à-dire un individu séparé de la communauté, replié sur lui-même, uniquement préoccupé de son intérêt personnel et obéissant à son arbitraire privé. »
Karl Marx
Sur la question juive (Zur Judenfrage) in Deutsch-Französische Jahrbücher, 1843, trad. Jean-François Poirier, éditions La Fabrique, 2006
« Du Sinaï yankee roulent jusqu’à nos pieds les tables de la loi démocratique et, échine ployée, nous les ramassons pieusement sans nous demander ce qu’est, au fait, la démocratie américaine. Ce qu’elle est ? Maladie. Mais maladie supportée par un corps colossal, déployée dans un espace qui n’est pas le nôtre, encore douée de confiance en sa jeunesse historique et en son messianisme puritain. Oui, le système malade jouit encore en Amérique d’une confiance toute naïve qui n’est plus la nôtre. Nos démocraties, en Europe, ont fréquenté l’histoire et par elle ont été rudoyées alors que les États-Unis croient toujours, en leurs profondeurs, que la démocratie est leur être même. Ils ne se conçoivent pas n’étant-pas-démocrates alors que nous savons qu’il ne s’agit là que d’une forme politique et non la substance même de notre être. Nous avons connu d’autres régimes politiques (les États-Unis jamais) et nous savons aussi, après tout, que nous pouvons nous en passer. Mieux encore : nous n’avons pas tout à fait oublié que notre plus haute gloire ne furent pas nécessairement liées à la forme démocratique de nos gouvernements. Et toujours mieux : nous avons trop vu, en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, les démocraties amener le désastre et être incapables d’y faire face. Et les Français, par exemple, n’ont pas encore expulsé de leur mémoire la couleur honteuse des jours de 40. […] En somme, la fille a dévoyé la mère : l’Amérique démocrate pourrit la démocratie d’Europe. Pour cela, je dis que la démocratie libérale n’est pas le bon rempart contre le colonialisme américain. »
Jean Cau
Pourquoi la France, éditions de La Table Ronde, 1975
« Il y a deux façons principales d’envisager l’homme et la société. Ou bien la valeur fondamentale est placée dans l’individu (et, par suite, dans l’humanité, formée de l’addition de tous les individus) : c’est l’idée chrétienne, bourgeoise, libérale et socialiste. Ou bien la valeur fondamentale, ce sont les peuples et les cultures, notions éminemment plurielles qui fondent une approche « holiste » de la société. Dans un cas, l’humanité, somme de tous les individus, est également « contenue » dans chaque être humain particulier : on est d’abord un « homme », et secondairement seulement, comme par accident, membre d’une culture et d’un peuple. Dans l’autre, l’humanité n’est que l’ensemble des cultures et des communautés populaires : c’est par ses appartenances organiques que l’homme est fondé dans son humanité. D’un côté, on a Descartes, les Encyclopédistes et l’idéologie des droits de l’homme ; la nationalité et la société reposent sur le choix électif individuel et le contrat-plébiscite révocable unilatéralement. De l’autre, on a Leibniz, Herder, le droit des cultures et la cause des peuples ; la nationalité et la société reposent sur l’héritage culturel et historique. La différence entre ces deux conceptions se retrouve jusque dans la façon d’envisager l’histoire et le structure du réel. Nous sommes bien évidemment, quant à nous, du côté du holisme. L’individu, à nos yeux, n’existe qu’en liaison avec les collectivités dans lesquelles ils s’inclut (et par rapport auxquelles il se singularise). Toute activité individuelle représente un acte participant de la vie d’un peuple. L’intérêt de l’individu ne saurait être apprécié « en soi ». »
Alain de Benoist
Orientations pour des années décisives, éditions Le Labyrinthe, 1982
« Dans les révolutions, l’abstraction essaie de se soulever contre le concret. »
Jacques Chardonne
Le Ciel de Nieflheim, édité par l’auteur, 1943
« Redéfinie dans un sens libéral, la démocratie n’est plus le régime qui consacre la souveraineté du peuple, mais celui qui « garantit les droits de l’homme », entendons par là des droits subjectifs, inhérents à la personne humaine et déclarés pour cette raison à la fois « naturels et imprescriptibles ». Pour les libéraux, ces droits de l’homme priment la souveraineté du peuple au point que celle-ci n’est plus respectée que pour autant qu’elle ne les contredise pas : l’exercice de la démocratie est ainsi placé sous conditions, à commencer par celle de respecter les « droits inaliénables » que possèderait tout individu à raison même de sa seule existence. »
Alain de Benoist
Pour une Europe illibérale, allocution au sixième colloque de l’Institut Iliade, Paris, Maison de la Chimie, 6 avril 2019
« Il ne faut pas désespérer de l’athée, aussi longtemps qu’il n’adore pas l’homme. »
Nicolás Gómez Dávila
Les Horreurs de la démocratie (tiré de Escolios a un texto implícito), 1977, trad. Michel Bibard, Éditions du Rocher/Anatolia, 2003