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Citations sur le temps
Quand nous opposons au monde moderne le monde antique…
« Quand nous opposons au monde moderne le monde antique, ou traditionnel, cette opposition est en même temps idéale. Le caractère de temporalité et d’« historicité » ne correspond en effet, essentiellement, qu’à un seul de ces deux termes, tandis que l’autre, celui qui se rapporte à l’ensemble des civilisations de type traditionnel, se caractérise par la sensation de ce qui est au-delà du temps, c’est-à-dire par un contact avec la réalité métaphysique qui confère à l’expérience du temps une forme très différente, « mythologique », faite de rythme et d’espace, plus que de temps chronologique. À titre de résidus dégénérescents, des traces de cette forme qualitativement diverse de l’expérience du temps subsistent encore chez certaines populations dites « primitives ». Avoir perdu ce contact, s’être dissous dans le mirage d’un pur et simple flux, d’une pure et simple « fuite en avant », d’une tendance qui repousse toujours plus loin son but, d’un processus qui ne peut et ne veut plus s’apaiser en aucune possession, et qui se consume en tout et pour tout, en termes d’« histoire » et de « devenir » — c’est là une des caractéristiques fondamentales du monde moderne, la limite qui sépare deux époques, et donc, non seulement, du point de vue historique, mais aussi, et surtout, en un sens idéal, morphologique et métaphysique. »
Julius Evola
Révolte contre le monde moderne (Rivolta contro il mondo moderno), 1934
Trois fées façonnent le Destin sur leur quenouille…
« Trois fées façonnent le Destin sur leur quenouille et leur fuseau, de leurs doigts qui tordent les fils de la laine : c’est qu’il y a trois périodes dans le Temps, le passé qui est déjà filé et dévidé dans le fuseau, le présent qui passe dans les doigts de la fileuse ; le futur, c’est la laine enroulée sur la quenouille qui doit passer par les doigts de la fileuse sur le fuseau comme le présent doit devenir le passé […] On a voulu qu’elles fussent trois : l’une pour ourdir la vie de l’homme, la deuxième pour la tisser, la troisième pour la rompre. »
Isidore de Séville
vers 562 – 636
Notre vie sur terre ne constitue nullement un but…
« Notre vie sur terre ne constitue nullement un but en soi, mais n’est seulement qu’une parcelle infime de notre être éternel, qui nous pousse graduellement, par la lente action du temps, vers le divin. »
Robert Steuckers
Préface au livre Le pèlerin entre deux mondes (Der Wanderer zwischen beiden Welten) de Walter Flex, 1916, trad. Philippe Marcq, éditions ACE, 2020
L’homme cultivé n’a jamais trop de temps…
« Et je ne regrette pas d’avoir proposé ailleurs, comme une des définitions possibles de la culture, « la claire conscience de la préciosité du temps ». L’homme cultivé n’a jamais trop de temps, il n’en a même jamais assez pour tout ce qu’il y a lire, à voir, à entendre, à connaître, à apprendre, à comprendre et à aimer. L’intelligible, par son énormité, est incommensurable à son intelligence. L’existant, par son immensité, est sans rapport de proportions avec sa soif de connaissance et les possibilités de sa mémoire. L’aimable, par son infinitude, outrepasse de toute part son amour. À tout moment il doit faire des choix, c’est-à-dire renoncer à des chemins, à des livres, à des études et à des distractions. Et ce qu’il est, autant que par ce qu’il lit, par ce qu’il entend et par ce qu’il étudie, il l’est par ce qu’il ne lit pas, ce qu’il ne fréquente pas, ce à quoi il refuse de perdre son temps, ce temps que la culture rend précieux. »
Renaud Camus
La grande déculturation, éditions Fayard, 2008
Les bagages de l’homme sont ses illusions et ses années…
« Les bagages de l’homme sont ses illusions et ses années ; il en remet à chaque minute une partie à celui que l’Écriture appelle un courrier rapide : le Temps. »
François-René de Chateaubriand
Promenade dans Rome au clair de lune, in Voyage en Italie (1803−1804), Éditions Payot & Rivages, 2015
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