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Citations sur le silence
L’action est le plus important…
« L’action est le plus important, non celui qui l’entreprend ; la mission, non celui qui la remplit. Contre l’individualisme : pour une impersonnalité active. Ce qu’on doit faire ne s’explique pas en termes de motifs. Noblesse se tait. »
Alain de Benoist
Pour un réveil européen. Nature – Excellence – Beauté (postface), La Nouvelle Librairie éditions, Coll. Iliade, 2020
Avec ou sans arme…
« Avec ou sans arme, par la chasse, je fais retour à mes sources nécessaires : la forêt enchantée, le silence, les mystères du sang sauvage, l’ancien compagnonnage clanique. Avec l’enfantement, la mort et les semailles, la chasse est peut-être le dernier rite primordial à échapper partiellement aux défigurations et manipulations d’une mortelle démesure. »
Dominique Venner
Dictionnaire amoureux de la chasse, éditions Plon, coll. Dictionnaire amoureux, 2006
Ils avançaient sans parler, tendus par l’effort…
« Ils avançaient sans parler, tendus par l’effort, avares de leur souffle. Le silence presque solide qui les entourait les écrasait comme l’eau écrase le plongeur dans l’océan. Le sentiment de l’infini, la conscience d’affronter une force supérieure pesaient sur eux de tout leur poids. Telle une grappe piétinée qui exprime son suc, leur esprit se détachait peu à peu des fausses valeurs, des idoles de plâtre, des suffisances mesquines, et ils se percevaient tels qu’ils étaient réellement, avec leurs étroites limites, leur insignifiance, leur sagesse d’insectes, luttant de toutes leurs faibles forces pour ne pas être emportés comme des fétus de paille par la puissance aveugle des éléments. »
Jack London
Croc-Blanc (White Fang), 1906, trad. Philippe Sabathé, éditions Gallimard Jeunesse, coll. Folio Junior, 1997
Dans les Andes, on ne compte pas quatre éléments…
« Dans les Andes, on ne compte pas quatre éléments, mais cinq : l’air diaphane, l’eau insondable des lacs, le feu des volcans, la terre qui tremble, et le silence. Un silence de sépulcre, d’ordre divin, que seule trouble la voix des esprits en soulevant des trombes de poussière qui emportent l’âme des humains : le vent. L’homme écoute le vent, dans les Andes, comme la voix de son créateur. Confondu dans sa petitesse, relégué à l’état d’épisode, conscient de son impuissance, il s’est cherché des alliés dans l’au-delà. Soleil, lune, lacs, montagnes, cascades, rivières, rocs et vents, glaciers, et toutes les forces de la nature, tout est déifié. »
Jean Raspail
Pêcheur de lunes. Qui se souvient des hommes…, éditions Robert Laffont, 1990
Savoir vivre seul est une chose compliquée…
« Savoir vivre seul est une chose compliquée pour beaucoup. Le silence et la solitude effraient nombre de gens qui veulent vivre dans du bruit, du tintamarre, du mouvement, du bazar. »
Michel Onfray
Comment la philosophie peut nous aider à traverser cette épreuve, entretien au Figaro, par Alexandre Devecchio, 28 mars 2020
Le malheur est par lui-même inarticulé…
« Le malheur est par lui-même inarticulé. Les malheureux supplient silencieusement qu’on leur fournisse des mots pour s’exprimer. Il y a des époques où ils ne sont pas exaucés. Il y en a d’autres où on leur fournit des mots, mais mal choisis, car ceux qui les choisissent sont étrangers au malheur qu’ils interprètent. »
Simone Weil
La personne et le sacré, 1943, éditions Gallimard, coll. Espoir, 1957, R&N Éditions, 2016
Je n’ai pas de téléphone portable…
« Je n’ai pas de téléphone portable car je trouve d’une insondable goujaterie d’appeler quelqu’un sans lui en demander préalablement l’autorisation par voie de courrier. Je refuse de répondre au “drelin” du premier venu. Les gens sont si pressés de briser nos silences… J’aime Degas, lançant : “C’est donc cela le téléphone ? On vous sonne et vous accourez comme un domestique.” Les sonneries sectionnent le flux du temps, massacrent la pâte de la durée, hachent les journées, comme le couteau de cuisinier japonais le concombre. »
Sylvain Tesson
S’abandonner à vivre, éditions Gallimard, coll. « nrf », 2014, 978−2−07−014424−2, p. 38
Les voix humaines ont à se taire…
« À ce moment-là les voix humaines ont à se taire. Les voix des amis aussi… Ne cherchez donc pas, ne désirez pas d’ultimes paroles ! Qui parle avec Dieu n’a plus de mots pour les hommes. »
Walter Flex
Le pèlerin entre deux mondes (Der Wanderer zwischen beiden Welten), 1916, trad. Philippe Marcq, éditions ACE, 2020
Les nuits étaient déjà froides et annonçaient l’hiver…
« Les nuits étaient déjà froides et annonçaient l’hiver. Les étoiles avaient perdu leur tremblotement estival et leur éclat était net et fixe : au cœur de la nuit elles allaient innombrables. Dans ce profond silence on percevait le vol des oiseaux migrateurs et le passage du temps. C’étaient des nuits faites pour marcher sans fin, avec bonheur. »
Mario Rigoni Stern
Sentiers sous la neige (Sentieri soto la neve), 1998, trad. Monique Baccelli, éditions La Fosse aux ours, 2000