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Thème

Citations sur le peuple

Nous avons été nourris dans un peuple gai…

« Le croi­ra-t-on, nous avons été nour­ris dans un peuple gai. Dans ce temps-là un chan­tier était un lieu de la terre où des hommes étaient heu­reux. Aujourd’­hui un chan­tier est un lieu de la terre où des hommes récri­minent, s’en veulent, se battent ; se tuent.
De mon temps tout le monde chan­tait. (Excep­té moi, mais j’é­tais déjà indigne d’être de ce temps-là.) Dans la plu­part des corps de métiers on chan­tait. Aujourd’­hui on renâcle. Dans ce temps-là on ne gagnait pour ain­si dire rien. Les salaires étaient d’une bas­sesse dont on n’a pas idée. Et pour­tant tout le monde bouf­fait. Il y avait dans les plus humbles mai­sons une sorte d’ai­sance dont on a per­du le sou­ve­nir. Au fond on ne comp­tait pas. Et on n’a­vait pas à comp­ter. Et on pou­vait éle­ver des enfants. Et on en éle­vait. Il n’y avait pas cette espèce d’af­freuse stran­gu­la­tion éco­no­mique qui à pré­sent d’an­née en année nous donne un tour de plus. On ne gagnait rien ; on ne dépen­sait rien ; et tout le monde vivait. »

Charles Péguy
L’Argent, Les Cahiers de la Quin­zaine, 1913, Édi­tions des Équa­teurs, coll. Paral­lèles, 2008

Je fixe l’étrange clarté…

« Je fixe l’étrange clar­té en son­geant aux peuples de la lumière nor­dique dont le soleil, renais­sant chaque été, aimante les yeux déla­vés, cou­leur de glace morte. »

Syl­vain Tesson
L’axe du loup, édi­tions Robert Laf­font, 2004

Je ne me suis jamais soumis…

« Je ne me suis jamais soumis.
Je me suis fait une âme plus grande
Que celle des maîtres de mon peuple.
Et je dis aux maîtres de mon peuple :
Pre­nez garde !
Pre­nez garde à ce qui vient :
Le peuple qui se lève… »

Patrick Pearse
Le Rebelle, 1916, cité par Jean Mabire, Patrick Pearse, une vie pour l’Irlande, édi­tions Terre et Peuple, 1998

Tout peuple incarne une idée particulière…

« Tout peuple incarne une idée par­ti­cu­lière qui est un tout indi­vi­sible et lui appar­tient, comme il est lui-même un tout indi­vi­sible qui s’appartient. Il est né avec cette idée. C’est avec cette idée qu’il est sor­ti du sein mater­nel de la race et de la terre pour se jeter dans son espace historique. »

Arthur Moel­ler van den Bruck
La révo­lu­tion des peuples jeunes, recueil de textes écrits entre 1916 et 1923, trad. Jean-Paul Allard, édi­tions Par­dès, 1993

J’étais surtout irrité par l’incompréhension (et le mépris) du paysan chez Marx…

« J’étais sur­tout irri­té par l’incompréhension (et le mépris) du pay­san chez Marx. Il a osé écrire que c’est la classe qui repré­sente la bar­ba­rie au sein de la civi­li­sa­tion” (Les Luttes de classes en France). C’est une sot­tise, on ne peut dire autre­ment. Il igno­rait le monde des cam­pagnes, en vrai cita­din. Il ne pou­vait com­prendre, du coup, que ce sont les ver­tus pay­sannes – un capi­tal de téna­ci­té, de fru­ga­li­té, de patience, accu­mu­lé depuis vingt-cinq ou trente siècles – qui ont per­mis de construire la socié­té indus­trielle, qui l’ont mise en route. Elles s’y sont usées, d’ailleurs, et on voit assez comme elles manquent aujourd’hui : la vie urbaine les détruit.
Pour Marx, je pense, le pay­san c’est l’isolement au lieu de l’échange, la rési­gna­tion au lieu de la révolte. Mais cette rési­gna­tion aux maux éter­nels (on n’a pas encore sup­pri­mé la guerre – ni les trem­ble­ments de terre ou la séche­resse) s’accompagne d’une lutte de chaque jour. Et le pay­san n’est nul­le­ment un iso­lé dans la durée. C’est lui, le séden­taire, qui garde et trans­met la sagesse du pro­verbe. Il est la mémoire de l’humanité par les contes et par les cou­tumes. »

Georges Laf­fly
Mes livres poli­tiques, édi­tions Publi­ca­tions F.B, 1992

Un peuple étant un complexe de rapports, d’attitudes…

« Un peuple étant un com­plexe de rap­ports, d’attitudes, il y a une autre menace qui pèse sur lui, autre que la des­truc­tion phy­sique, autre que la perte d’indépendance : c’est celle de la dis­so­lu­tion si les hommes ne se sentent plus membres d’un même corps, si le cli­mat de confiance qui unit ces citoyens dis­pa­raît, si les sym­boles qu’ils ont en com­mun n’ont plus le même sens pour les uns et pour les autres, en un mot si l’existence morale du peuple dis­pa­raît. Et cette perte de l’exis­tence morale n’est pas due à des causes exté­rieures et sou­daines : elle est due à des phé­no­mènes inté­rieurs et dis­so­cia­teurs, qui sont des sous-pro­duits du pro­grès. »

Ber­trand de Jouvenel
Du Prin­ci­pat et autres réflexions poli­tiques, 1958, édi­tions Hachette, 1972

Aux oppositions canoniques de la vie politique…

« Aux oppo­si­tions cano­niques de la vie poli­tique, plus ou moins caduques, s’ajoute l’opposition désor­mais car­di­nale entre défen­seurs du peuple cen­tral et pro­mo­teurs des peuples des marges. Entre par­ti­sans du peuple main­te­nu dans ses fon­de­ments cultu­rels et his­to­riques et adeptes d’une recom­po­si­tion du demos qui rêvent de fabri­quer un nou­veau peuple, une nou­velle socié­té régé­né­rée par l’apport d’identités eth­niques et cultu­relles mino­ri­taires. Entre les conser­va­teurs, atta­chés au réta­blis­se­ment de la sou­ve­rai­ne­té popu­laire et de l’unité du sujet poli­tique à tra­vers une démo­cra­tie réfé­ren­daire, et les décons­truc­teurs, réso­lus à dis­soudre l’hégémonie sur­plom­bante de la majo­ri­té au pro­fit d’une démo­cra­tie diver­si­taire” consa­crant la pré­émi­nence des mino­ri­tés et de leurs droits sur la socié­té d’accueil. »

Patrick Buis­son
La Cause du peuple, édi­tions Per­rin, 2016

Contre la mondialisation, quintessence du non-lieu…

« Contre la mon­dia­li­sa­tion, quin­tes­sence du non-lieu, qui pousse à la déter­ri­to­ria­li­sa­tion et au déles­tage des attaches sym­bo­liques, le peuple des lais­sés-pour-compte plé­bis­cite le lieu comme pre­mière com­po­sante du lien. Le vil­lage cou­tu­mier contre le vil­lage pla­né­taire. Le vil­lage comme capi­tal social et cultu­rel pro­tec­teur à l’heure où l’É­tat ne pro­tège plus. Être, c’est habi­ter. Com­prendre que per­sonne n’échappe tota­le­ment à la marque des ori­gines, à l’imprégnation de l’enfance et à la conta­gion des paysages. »

Patrick Buis­son
La Cause du peuple, édi­tions Per­rin, 2016

Qu’est-ce qui s’était passé pour qu’un peuple…

« Qu’est-ce qui s’é­tait pas­sé pour qu’un peuple devînt un agré­gat d’in­di­vi­dus per­sua­dés de n’a­voir rien à par­ta­ger les uns avec les autres ? Le shop­ping, peut-être ? Les mar­chands avaient réus­si leur coup. Pour beau­coup d’entre nous, ache­ter des choses était deve­nu une acti­vi­té prin­ci­pale, un hori­zon, une des­ti­née. La paix, la pros­pé­ri­té, la domes­ti­ca­tion nous avaient don­né l’oc­ca­sion de nous replier sur nous-même. Nous culti­vions nos jar­dins. Cela valait sans doute mieux que d’en­grais­ser les champs de bataille. »

Syl­vain Tesson
Bere­zi­na, édi­tions Gué­rin, 2015, 978−2−35221−089−4, p. 194

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