Un projet de l'Institut ILIADE pour la longue mémoire européenne

Citatio, un portail ouvert sur notre civilisation

Nous menons un travail long et exigeant afin d'assurer la qualité des milliers de citations que nous vous proposons. Tout cela a un coût que vous pouvez nous aider à supporter en faisant un don.

Le marchand et le héros…

« Le mar­chand et le héros : ils consti­tuent les deux grandes oppo­si­tions, les deux pôles de toute l’orientation humaine. Le mar­chand entre dans la vie en lui disant : que peux-tu me don­ner ? Il veut prendre, il veut, en échange du moindre effort, avoir le plus pos­sible, il veut conclure avec la vie une affaire avan­ta­geuse. Bref : il est pauvre. Le héros entre dans la vie en lui deman­dant : que puis-je te don­ner ? Il veut faire des cadeaux, il veut se dépen­ser sans contre­par­tie. Bref : il est riche. Le mar­chand ne parle que de ses droits”, le héros ne parle que de ses devoirs” […] Nous pou­vons dire encore que la men­ta­li­té mer­can­tile tourne autour de l’intérêt, la men­ta­li­té héroïque autour de l’idée ; l’essence de celle-là est de récla­mer, l’essence de celle-ci est de se sacri­fier. »

Wer­ner Sombart
Händ­ler und Hel­den, 1915, cité par Alain de Benoist dans Quatre figures de la Révo­lu­tion Conser­va­trice alle­mande, Les Amis d’Alain de Benoist, 2014

La nature des hommes, celle qui précède leur volonté…

« La nature des hommes, celle qui pré­cède leur volon­té, est un sujet dont la seule men­tion suf­fit à offus­quer le pan­ju­risme contrac­tuel, d’où pro­cèdent, sui­vant un volon­ta­risme sans frein, ces diva­ga­tions de démo­cra­tie libé­rale qui sup­posent que nous pou­vons tout ce qu’il nous vient à la fan­tai­sie de vou­loir ! Leurs ambi­tions sont folles, leur folie juge le prin­cipe d’où elles sortent. Tout ce que l’on bom­by­cine en leur hon­neur ne fera jamais qu’il soit au pou­voir du petit homme d’é­lire son papa et sa maman, ni que sa liber­té, si sou­ve­raine soit-elle, puisse choi­sir l’emplacement de son ber­ceau. Ce point-là règle tout. Ni Kant ni Pla­ton n’y font rien. »

Charles Maur­ras
Mes idées poli­tiques, 1937, Édi­tions L’Âge d’Homme, 2002

Dans les faits, plus la prétention de l’économie à sortir

« Dans les faits, plus la pré­ten­tion de l’économie à sor­tir de la mai­son pour deve­nir mon­diale se tra­duit par des normes, des règles et des formes uniques, plus la réa­li­té s’en éloigne, plus la véri­té s’enfuit comme du sable entre les doigts de ceux qui savent bien que les règles et les formes sont tout ce dont la vie s’échappe. […] Vu depuis le monde qui vient, notre sys­tème du monde est d’abord carac­té­ri­sé par la naï­ve­té de la rai­son, qui le conduit à balayer ce qu’il ne com­prend pas, à consi­dé­rer insi­gni­fiant et même inexis­tant ce qu’il n’explique pas, même si des siècles ou des mil­lé­naires l’ont vali­dé, comme si ce qui paraît ne pas avoir de sens ne fai­sait pas sens. Croire que ce qui est bon pour nous l’est pour les autres abou­tit à pro­mettre à ceux qui ne l’ont pas vécue qu’ils pour­ront repro­duire la sin­gu­lière aven­ture de l’Europe et de l’Occident : le simple bon sens suf­fit pour sen­tir la vani­té, plus encore, la faute de cette promesse. »

Her­vé Juvin
Le ren­ver­se­ment du monde. Poli­tique de la crise, édi­tions Gal­li­mard, 2010

Légitime, légal : s’il existe deux mots pour exprimer la notion…

« Légi­time, légal : s’il existe deux mots pour expri­mer la notion géné­rale de confor­mi­té à la loi, c’est bien qu’ils en tra­duisent des aspects dif­fé­rents. Il y a en effet lois et lois : celles que les hommes fabriquent à leur guise, et celles dont l’homme n’est pas maître, qui s’imposent à lui parce qu’elles sont les lois de sa nature ou de sa voca­tion. Est légi­time ce qui se rap­portent à celles-ci, légal ce qui se rap­porte à celles-là. Les lois de la nature et de la civi­li­sa­tion sont intan­gibles. Vis-à-vis d’elles, l’homme n’a qu’un pou­voir, mais qui ne les affecte pas, celui de les recon­naître ou de les nier. Mais, sui­vant celle des deux atti­tudes qu’il adopte quand il légi­fère, il éta­blit une léga­li­té légi­time ou illégitime. »

Louis Damé­nie
« La Cathé­drale effon­drée », in Cahiers de l’Ordre Fran­çais, 1962

L’essentiel d’un destin que résuma aux Thermopyles…

« L’essentiel d’un des­tin que résu­ma aux Ther­mo­pyles l’épitaphe de Simo­nide : obéir à une loi. Il est admis en Grèce que Lacé­dé­mone repré­sente par excel­lence cette chose toute grecque, igno­rée du reste du monde orien­tal et qui fonde non seule­ment la cité, mais la science et la phi­lo­so­phie : le règne de la loi, et, plus encore, l’héroï­sa­tion de la loi. La loi oppose un être abs­trait, ration­nel et fixe à la domi­na­tion per­son­nelle et arbi­traire d’un homme. C’est ce que dans Héro­dote Déma­rate apprend à Xerxès : « La loi est pour eux un maître abso­lu ; ils la redoutent beau­coup plus que tes sujets ne te craignent. Ils obéissent à ses ordres, et ses ordres, tou­jours les mêmes, leur défendent la fuite. » Cette figure vivante de la loi qu’on aper­çoit au pied du Tay­gète donne à Sparte, dans l’hellénisme reli­gieux et calme du temps des guerres médiques, une pres­tige, une auto­ri­té, un pri­mat ana­logues à ceux que reçoivent Delphes de la Pythie, et Olym­pie de l’Altis. Être sou­mis à la loi c’est durer par elle, selon elle, et Sparte c’est la chose qui dure.
Thu­cy­dide attri­bue le secret de sa puis­sance à ce fait que depuis quatre cent ans elle est régie par la même consti­tu­tion. Repré­sen­tants de la loi les Spar­tiates sont pour­tant les enne­mis de la tyran­nie, et c’est en inter­ve­nant dans les villes contre les tyrans qu’ils s’habituent à inter­ve­nir dans les affaires des cités. Seuls d’ailleurs par­mi les Grecs ils ont conser­vé l’ancienne royau­té homé­rique, en la divi­sant pour lui enle­ver sa force d’agression inté­rieure et de tyran­nie. Toutes les magis­tra­tures, héré­di­taires ou col­lec­tives res­tant col­lé­giales, l’un réside vrai­ment dans la loi, et dans la loi seule. »

Albert Thi­bau­det
La cam­pagne avec Thu­cy­dide, 1922

S’il n’y avait pas d’injustice…

« S’il n’y avait pas d’injustice, on igno­re­rait jusqu’au nom de la jus­tice. »

Héra­clite
Frag­ments, 23, 576 – 480 av. notre ère, trad. Jean-Fran­çois Pra­deau, édi­tions Gar­nier-Flam­ma­rion, 2018

L’homme supérieur, l’homme d’élite, est caractérisé…

« L’homme supé­rieur, l’homme d’élite, est carac­té­ri­sé par l’intime néces­si­té d’en appe­ler de lui-même à une règle qui lui est exté­rieure, qui lui est supé­rieure, et au ser­vice de laquelle il s’enrôle libre­ment. On se sou­vien­dra que, au début de cet essai, nous dis­tin­guions l’homme d’élite de l’homme médiocre en affir­mant que le pre­mier exige beau­coup plus de lui-même, tan­dis que le second, au contraire, tou­jours satis­fait de lui, se contente d’être ce qu’il est. La noblesse se défi­nit par l’exigence, par les obli­ga­tions, et non par les droits. Noblesse oblige. « Vivre à son gré est plé­béien ; le noble aspire à l’ordre et à la loi » (Goethe). Les pri­vi­lèges de la noblesse ne sont pas, à l’origine tout au moins, des conces­sions ou des faveurs, mais des conquêtes. Et, en prin­cipe, leur main­tien sup­pose que le pri­vi­lé­gié devait être capable de les recon­qué­rir à tout ins­tant, si cela était néces­saire, ou si quel­qu’un les lui dis­pu­tait. Les droits pri­vés, ou pri­vi­lèges, ne sont donc pas une pos­ses­sion pas­sive ou une simple jouis­sance, mais au contraire ils repré­sentent les limites où se haussent les efforts des indi­vi­dus. En revanche, les droits com­muns comme ceux de « l’homme et du citoyen » sont une pro­prié­té pas­sive, pur usu­fruit et béné­fice, don géné­reux du des­tin, auquel tout homme peut par­ti­ci­per et qui ne cor­res­pond à aucun effort, à moins que ce ne soit l’effort de res­pi­rer et de demeu­rer sain d’esprit. Les droits imper­son­nels, on les a, mais les droits per­son­nels, il faut les soutenir. »

José Orte­ga y Gasset
La révolte des masses (La rebe­lión de las masas, 1929), trad. Louis Par­rot, édi­tions Stock, 1937

Auteurs

Auteurs récemment ajoutés

Livres

À l'affiche

Comprendre la stratégie hongroise
Dominique Venner. La flamme se maintient
Sur les chemins noirs
Bienvenue dans le meilleur des mondes. Quand la réalité dépasse la science-fiction
Frédéric Mistral. Patrie charnelle et Provence absolue
Les Indo-Européens
Le soleil et l'acier
L’exil intérieur. Carnets intimes
La société de propagande
Tolkien, l’Europe et la tradition. La civilisation à l’aune de l’imaginaire
Voyage au bout de la nuit
Game over. La révolution antipolitique
Pour un réveil européen. Nature - Excellence - Beauté
Ceux de 14
La hache des steppes
Le japon moderne et l'éthique samouraï
Walter, ce boche mon ami
Les grandes légendes de France
Courage ! manuel de guérilla culturelle
À propos des Dieux. L’esprit des polythéismes
Les Déshérités ou l’urgence de transmettre
L’enracinement
Impasse Adam Smith. Brèves remarques sur l'impossibilité de dépasser le capitalisme sur sa gauche
Citadelle
Œuvres en prose complètes, tome III
L'Empire du politiquement correct
L’opprobre. Essai de démonologie
La grande séparation
Orthodoxie
Économie et société médiévale
Un samouraï d’Occident. Le Bréviaire des insoumis
Précis de décomposition
L’homme surnuméraire
L'Argent
Les Horreurs de la démocratie
Petit traité sur l’immensité du monde
La Cause du peuple
Histoire et tradition des Européens
Mémoire vive. Entretiens avec François Bousquet
Le déclin du courage
Sire
La France contre les robots
Le regard des princes à minuit
L’œuvre de chair
Service inutile
Traité du rebelle ou le recours aux forêts
Les sentinelles du soir
Athéna à la borne. Discriminer ou disparaître ?