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Que cherchaient-ils, au-delà de leur propre mort…

« Que cher­chaient-ils, au-delà de leur propre mort, dans ces contrées gar­nies de divins qui peu­plaient leur propre monde ? À construire sans fin du sens dans un cos­mos sans but, ils nous paraissent, vus d’au­jourd’­hui, sin­gu­liers et dis­cor­dants, sinon extra­va­gants. Les dieux, aucun d’entre eux n’en avait jamais croi­sé, mais cha­cun, un jour, avait en quelque façon été ren­con­tré par l’un ou l’autre d’entre eux. »

Jean-Fran­çois Gautier
À pro­pos des Dieux. L’esprit des poly­théismes, édi­tions La Nou­velle Librai­rie, coll. Longue Mémoire, 2020

Ces idées que les Grecs découvraient…

« En voyant la façon dont étaient expri­mées, en ce début de notre culture, ces idées que les Grecs décou­vraient alors et qu’ils déve­lop­paient avec une mer­veilleuse clar­té, j’ai très sou­vent éprou­vé cette espèce de sai­sis­se­ment qu’ap­porte la pré­sence de la beau­té. Je ne veux pas dire par là que les Grecs étaient des opti­mistes béats, pei­gnant la vie sous des cou­leurs abso­lu­ment char­mantes et douces ! Ils sont les inven­teurs de la tra­gé­die, ils connaissent la vio­lence, la guerre, la mort ; mais ils ont eu conscience de tout ce qu’il y a d’é­mou­vant, de magni­fique, de sti­mu­lant même dans la vie humaine, et ils ont su le dire de manière incomparable. »

Jac­que­line de Romilly
Une cer­taine idée de la Grèce, 2003, Édi­tions de Fal­lois, 2006

Leurs prières aux dieux n’avaient d’autre objet…

« Leurs prières aux dieux n’a­vaient d’autre objet que ce si rare accord entre soi et soi, et, au milieu des urgences, entre soi et la Cité, ou, plus lar­ge­ment encore, entre soi, la Cité et les divi­ni­tés sans cal­cul. Prier, ce n’é­tait pas faire du monde le pre­mier lan­gage du Dieu unique ; c’é­tait agir en sorte que le monde fut le pre­mier sanc­tuaire des dieux plu­riels, l’o­ra­toire de leur diver­si­té et, par là même, le récep­tacle d’une col­lé­gia­li­té civique en équilibre. »

Jean-Fran­çois Gautier
À pro­pos des Dieux. L’esprit des poly­théismes, édi­tions La Nou­velle Librai­rie, coll. Longue Mémoire, 2020

Le vieil adage du fronton du temple de Delphes…

« C’est face à une telle diver­si­té que prend son sens le vieil adage du fron­ton du temple de Delphes : gnô­thi seau­ton, « connais-toi toi-même ». Il ne s’a­git pas d’un conseil d’in­tros­pec­tion, mais d’un mar­quage de situa­tion, du type : tu n’es ni un dieu ni un concur­rent d’une course de chars, alors qui es-tu dans cette diver­si­té, par ton métier, par ta famille, par ta par­ti­ci­pa­tion à la vie col­lec­tive ? »

Jean-Fran­çois Gautier
À pro­pos des Dieux. L’esprit des poly­théismes, édi­tions La Nou­velle Librai­rie, coll. Longue Mémoire, 2020

Les anciens Grecs ajoutèrent à la vénération du réel…

« Les anciens Grecs ajou­tèrent à la véné­ra­tion du réel la puis­sance de leur ima­gi­naire. Sur la mer éclai­rée par les mythes et les méduses, il y eut un miracle, voi­là trois mil­lé­naires. Des hommes prirent une déci­sion : ne plus jamais assis­ter à un spec­tacle natu­rel sans y asso­cier la pré­sence d’un dieu. »

Syl­vain Tesson
La grande odys­sée de Syl­vain Tes­son, dans le sillage d’Ulysse, Le Figa­ro, 10 avril 2020

Ce monde-ci, le même pour tous les êtres…

« Ce monde-ci, le même pour tous les êtres, aucun des dieux ni des hommes ne l’a créé ; mais il a tou­jours été et il est, et il sera un feu tou­jours vivant, s’al­lu­mant avec mesure et s’é­tei­gnant avec mesure. »

Héra­clite
Frag­ments, 30, 576 – 480 av. notre ère, trad. Jean-Fran­çois Pra­deau, édi­tions Gar­nier-Flam­ma­rion, 2018

La primauté du soldat se retrouve partout…

« La pri­mau­té du sol­dat se retrouve par­tout chez les Aztèques comme à Sparte. Les mar­chands s’y enri­chissent hon­teu­se­ment et en cachette. Leurs enfants ne peuvent se marier qu’entre eux : tan­dis que, dans le cor­tège du triomphe, le sol­dat marche à côté de l’Em­pe­reur, n’ayant que ses lau­riers et sa charrue. »

Mau­rice Bardèche
Sparte et les Sudistes, édi­tions Les Sept Cou­leurs, 1969

Le sacré : cet élan qui marquait la vie…

« Le sacré : cet élan qui — expri­mé dans l’art, mani­fes­té dans la reli­gion, ins­crit dans l’espace public d’un peuple — mar­quait la vie des anciens.
Le sacré : ce bat­te­ment qui, nous empor­tant au-delà, nous empêche de nous enfer­mer dans l’immédiateté de nos tra­vaux et de nos jouissances.
Le sacré : ce noyau de lumière qui, intan­gible et indé­ter­mi­nable, ne se laisse bor­ner à telle ou telle chose, à tel ou tel être. »

Javier Por­tel­la
Les esclaves heu­reux de la liber­té, édi­tions David Rein­harc, 2012

Les pensées antiques et, pour les lecteurs modernes…

« Les pen­sées antiques et, pour les lec­teurs modernes, leurs textes plan­tés comme des sta­tues dans le pay­sage de nos repré­sen­ta­tions exaltent moins des véri­tés sem­pi­ter­nelles que des conseils rela­tifs aux manières judi­cieuses d’exister, de se repré­sen­ter le monde et d’y agir avec jus­tesse, avec équa­ni­mi­té, mais non sans risque de se tromper. »

Jean-Fran­çois Gautier
À pro­pos des Dieux. L’esprit des poly­théismes, édi­tions La Nou­velle Librai­rie, coll. Longue Mémoire, 2020

La rationalisation d’un monde compris comme créé par un Dieu unique…

« La ratio­na­li­sa­tion d’un monde com­pris comme créé par un Dieu unique s’est tou­jours heur­tée, chez nous, à l’éloge des diver­si­tés vécues. L’identité s’entendait en effet comme alté­ri­té, diver­si­té, plu­ra­li­té. Nul per­son­nage, dans l’Iliade ou l’Odys­sée, ou dans l’une des tra­gé­dies d’Eschyle ou de Sophocle, ne se serait aven­tu­ré à deman­der à Zeus ou à Apol­lon : Qui es-tu ?” Et des réponses bibliques et mono­théistes à cette ques­tion, telles que Ehyeh Asher Ehyeh, Je suis qui je suis”, ou Suis qui serai”, tra­duites en grec par quelque chose comme Je suis celui qui est” (Exode 3, 14), n’auraient eu aucune signi­fi­ca­tion dans les langues et les repré­sen­ta­tions euro­péennes antiques. »

Jean-Fran­çois Gautier
À pro­pos des Dieux. L’esprit des poly­théismes, édi­tions La Nou­velle Librai­rie, coll. Longue Mémoire, 2020

L’Europe préexiste à la forme historique que le destin lui a donnée…

« L’Europe pré­existe à la forme his­to­rique que le des­tin lui a don­née ; exis­tant en puis­sance dans cha­cun de ses peuples autoch­tones, elle s’est cris­tal­li­sée dans la Grèce, puis s’est ins­ti­tuée en Rome et enfin s’est éten­due à l’échelle du conti­nent avec le catho­li­cisme. »

Thi­baud Cassel
Le Chant des alouettes, édi­tion Ins­ti­tut Iliade / Pierre-Guillaume de Roux, 2017

Il existe au total un fond de pensées helléniques très diversifié…

« Il existe au total un fond de pen­sées hel­lé­niques très diver­si­fié, qui fut dans toute l’Europe, et vingt-sept siècles durant, l’inspirateur de longs débats entre écoles. Plus que les que­relles de doc­trines qui agitent les com­men­ta­teurs, on peut en rete­nir deux leçons déci­sives. Elles sont, aujourd’hui encore, très éclai­rantes dans l’examen des erreurs qui par­sèment les his­toires res­pec­tives des nations euro­péennes.
La pre­mière leçon hérite de l’Iliade, pré­ci­sé­ment de ce pas­sage dans lequel le maître de l’Olympe, en pleine bataille confuse, sai­sit un détail déci­sif : un archer vise le com­bat­tant Hec­tor. Homère note : Cela n’échappa pas (ou lèthé) à la saga­ci­té pru­dente de Zeus”, lequel dévia la flèche. Il y a là une forme ver­bale (ou lèthé) de ce qui, chez les phi­lo­sophes, dési­gne­ra sous une forme nomi­nale la véri­té (alè­théïa). La véri­té, ici, n’est pas un conte­nu doc­tri­nal des­cen­du de cieux incon­nais­sables, mais l’expression d’une sub­ti­li­té d’observation dont le sage sait tirer les bonnes conclu­sions. Toutes les écoles phi­lo­so­phiques antiques s’accordèrent sur ce point : la véri­té est d’abord ce qui, à l’expérience ou à la réflexion, n’échappe pas à un exa­men sub­til et sagace, évi­dem­ment condi­tion­né par les cir­cons­tances du moment. Pen­ser, c’est s’adapter.
Un second point d’accord unit les dif­fé­rentes écoles : l’hubris, la déme­sure, l’excès, est pour elles une faute car­di­nale met­tant en dan­ger non seule­ment ceux qui frayent avec elle, mais aus­si ceux qui les écoutent ou les imitent et, à terme, la Cité elle-même. Toute action, en d’autres termes, doit s’accorder à ses fins par­ti­cu­lières, qui sont pré­cieuses mais limi­tées ; et les actions des uns et des autres n’ont qu’une seule fin géné­rale : la pro­tec­tion et l’accroissement de l’oïkos, de ce bien com­mun suprême qu’est la Cité, mal­heu­reu­se­ment absente des sou­cis euro­péens modernes. »

Jean-Fran­çois Gautier
Ce que nous sommes. Aux sources de l’identité euro­péenne, Phi­lippe Conrad dir., édi­tion Ins­ti­tut Iliade / Pierre-Guillaume de Roux, 2018

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