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Citations sur l'âme
Nous avons tout perdu, disait Fichte, mais il nous reste…
« “Nous avons tout perdu, disait Fichte, mais il nous reste l’éducation”. Et Nietzsche observait : “Où qu’apparaisse une grandeur tant soit peu durable, on peut observer une sélection préalable très soigneuse – par exemple chez les Grecs”. Ne sous-estimons pas ce pouvoir de l’éducation, et rappelons-nous qu’à la naissance, le meilleur des dons n’est jamais présent que sous une forme potentielle. D’où la nécessité de centres, de séminaires et de « cloîtres » où puisse mûrir une forme nouvelle de vie. Et pour cela d’abord éduquer des éducateurs. Dans Par-delà bien et mal, Nietzsche écrivait : “Les grandes choses sont réservées aux grands, les profondeurs aux profonds, les douceurs et les frissons aux âmes subtiles, tout ce qui est rare aux êtres rares”. Avant de se gargariser du mot “élite” et de se targuer d’en faire partie, c’est à réunir des conditions qu’il paraît nécessaire d’œuvrer. Travail à long terme, où il faut de la patience, de l’ordre, du goût, de la méthode et du temps. »
Alain de Benoist
Les idées à l’endroit, Éditions Libres-Hallier, 1979
L’héroïsme n’affronte pas seulement des ennemis…
« L’héroïsme n’affronte pas seulement des ennemis concrets, mais aussi des états de l’âme. »
Oswald Spengler
Écrits historiques et philosophiques. Pensées, éditions Copernic, 1980
Alors que tant d’hommes se font les esclaves de leur vie…
« Alors que tant d’hommes se font les esclaves de leur vie, mon geste incarne une éthique de la volonté. Je me donne la mort afin de réveiller les consciences assoupies. Je m’insurge contre la fatalité. Je m’insurge contre les poisons de l’âme et contre les désirs individuels envahissants qui détruisent nos ancrages identitaires et notamment la famille, socle intime de notre civilisation multimillénaire. Alors que je défends l’identité de tous les peuples chez eux, je m’insurge aussi contre le crime visant au remplacement de nos populations. »
Dominique Venner
« Les raisons d’une mort volontaire », dernière lettre, 21 mai 2013
L’enracinement est peut-être le besoin le plus important…
« L’enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine. C’est un des plus difficiles à définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l’existence d’une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d’avenir. […] Les échanges d’influences entre milieux très différents ne sont pas moins indispensables que l’enracinement dans l’entourage naturel. Mais un milieu déterminé doit recevoir une influence extérieure non pas comme un apport, mais comme un stimulant qui rende sa vie propre plus intense. Il ne doit se nourrir des apports extérieurs qu’après les avoir digérés, et les individus qui le composent ne doivent les recevoir qu’à travers lui. »
Simone Weil
L’enracinement, 1943, éditions Gallimard, 1949
Qui ne sait être pauvre est né pour l’esclavage…
« Qui ne sait être pauvre est né pour l’esclavage
Qu’il serve donc les grands, les flatte, les ménage
Qu’il plie en approchant de ces superbes fronts
Sa tête à la prière et son âme aux affronts
Pour qu’il puisse, enrichi de ces affronts utiles
Enrichir à son tour quelques têtes serviles.
De ces honteux trésors je ne suis point jaloux
Une pauvreté libre est un trésor si doux ! »
André Chénier, « Ô jours de mon printemps », Élégies
Œuvres complètes, Pléiade, 1950
La beauté de notre histoire, c’est d’abord celle d’un peuple…
« La beauté de notre histoire, c’est d’abord celle d’un peuple qui ne veut pas disparaître et qui s’accroche à l’existence de toutes les manières possibles.
Rien n’est plus contre-intuitif, aujourd’hui, j’en conviens. Les modernes sectaires aimeraient bien nous déraciner. Nos symboles, ils veulent les effacer, les laminer, les déconstruire. Ils prétendent nous libérer du passé alors qu’ils nous déshumanisent, ils provoquent une détresse psychique et culturelle que nous peinons pourtant à reconnaître, puisque nous ne voulons plus accorder quelque droit que ce soit au passé sur notre présent. Même lorsqu’il est semé de traces nous permettant de mieux nous comprendre. Le système médiatique qui se fait le propagateur d’une nouvelle culture globale souvent insignifiante accordée aux principes de la mondialisation cherche à frapper d’obsolescence l’héritage historique des peuples, qui entrave l’avènement de l’individu mondialisé. […]
On l’oublie, mais un peuple qui perd le goût de vivre peut mourir, en devenant étranger à lui-même et indifférent aux promesses qu’il s’était déjà fait. […] Un pays sans légendes, à la mémoire vide, aux racines sèches, n’est plus un pays, mais un territoire sans âme, un terrain vague, sur lequel n’importe qui peut se permettre n’importe quoi. […] C’est par l’enracinement que nous découvrons la possibilité de la renaissance. Et je me dis qu’un pays qui renoue avec ses légendes, qui redécouvre ses grands mythes, qui ne se laisse plus séduire par les déconstructeurs qui nous expliquent que tout, dans notre culture, est faux ou perfide, peut du coup se réanimer. »
Mathieu Bock-Côté
Gilles Vigneault : poète de l’enracinement et de la renaissance, Le Journal de Montréal (blog), 24 novembre 2014
Qui est déraciné déracine. Qui est enraciné ne déracine pas…
« Le déracinement est de loin la plus dangereuse maladie des sociétés humaines, car il se multiplie lui-même. Des êtres vraiment déracinés n’ont guère que deux comportements possibles : ou ils tombent dans une inertie de l’âme presque équivalente à la mort, comme la plupart des esclaves au temps de l’Empire romain, ou ils se jettent dans une activité tendant toujours à déraciner, souvent par les méthodes les plus violentes, ceux qui ne le sont pas encore ou qui ne le sont qu’en partie. (…) Qui est déraciné déracine. Qui est enraciné ne déracine pas. »
Simone Weil
L’enracinement, 1943, éditions Gallimard, 1949
Tout est plein de l’esprit divin et de sens éternel…
« Tout est plein de l’esprit divin et de sens éternel, en conséquence les âmes des hommes sont mues par leur communauté d’essence avec les âmes des Dieux. »
Cicéron
De Divinatione, 44 avant notre ère
Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait…
« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. […] Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ! »
Alexis de Tocqueville
De la démocratie en Amérique, 1840
Civilisation, culture, tradition, sont des notions voisines…
« Civilisation, culture, tradition, sont des notions voisines au point d’être interchangeables dans le langage courant. La culture est première dans l’ordre chronologique de la fondation. Elle se rapporte à la permanence des mentalités profondes. Elle est créatrice de sens. La civilisation est une culture qui a reçu une forme historique, créatrice d’un ensemble de qualités propres dans l’ordre matériel, intellectuel, artistique et moral. La tradition est l’âme d’une culture et d’une civilisation. »
Dominique Venner
Un samouraï d’Occident. Le Bréviaire des insoumis, éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2013
On nous corne : il faut s’ouvrir aux influences étrangères…
« On nous corne : « Il faut s’ouvrir aux influences étrangères ». Il se trouve que ce slogan n’est pas innocent parce qu’il est désormais la devise d’un cosmopolitisme dont l’arbre est aux États-Unis et dont les branches, d’où tombent des fruits pourris, s’étendent sur tout l’Occident et vont même projetant leur ombre sur un plus vaste espace. Il se trouve qu’il s’agit moins d’ouvertures que d’abandons et plus d’engorgements indigestes que d’assimilations fortifiantes. Notre mode de vie est insidieusement pénétré, miné, rongé par l’influence américaine. Et la France va vers sa perte d’âme. »
Jean Cau
Pourquoi la France, éditions de La Table Ronde, 1975
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