« Mon cœur a vieilli à la façon d’un voile : l’usure des jours l’a fait plus transparent et plus doux. L’aride tension, le morne jeu de bascule entre la chair et l’esprit, le regret qui succède aux victoires de l’âme et le remords qui suit les triomphes du corps – tout cela n’est plus que le souvenir d’un mauvais rêve. Mon esprit s’est fait chair, ma chair est devenue esprit. Je sens avec ma pensée et je pense avec mes sens. Je ne suis plus cette chair rebelle qui convoite contre l’esprit ni cet esprit jaloux qui séquestre la chair. J’ai rassemblé les deux moitiés de mon être : enfin, je suis un homme ! »
Gustave Thibon
Notre regard qui manque à la lumière, 1955, éditions Fayard, 1975