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Citations sur la raison

La France a inventé la modernité à partir du XVIIe siècle…

« La France a inven­té la moder­ni­té à par­tir du XVIIe siècle, avec le car­té­sia­nisme et la phi­lo­so­phie des Lumières. Sans doute est-ce pour cela qu’elle éprouve une énorme dif­fi­cul­té à abor­der le chan­ge­ment de para­digme en jeu aujourd’hui. Nous ne vou­lons pas voir que les valeurs modernes — rai­son, pro­grès, tra­vail — ne consti­tuent plus une matrice féconde. Alors, on parle de « moder­ni­té seconde », de « moder­ni­té tar­dive », de « moder­ni­té avan­cée ». Pre­nez la crise : selon moi, elle est bien plus qu’une crise finan­cière. Elle est crise au sens éty­mo­lo­gique de « crible ». Nous sommes en train de vivre le pas­sage au tamis des valeurs de la modernité.
[…] Notre pays a peur de la post­mo­der­ni­té. Il vit un pro­ces­sus de rétrac­tion. Nous sommes retour­nés aux grandes valeurs du XIXe siècle : l’État pro­vi­dence, le fonc­tion­na­riat, la crainte de devoir se débrouiller avec la vie. »

Michel Maf­fe­so­li
Il n’y a de pen­sée que lors­qu’il y a risque, L’Express, 15 août 2012

La poésie est saine…

« La poé­sie est saine parce qu’elle flotte avec aisance sur une mer infi­nie ; la rai­son s’évertue à tra­ver­ser cette mer infi­nie, et dès lors à la déli­mi­ter. Il en résulte un épui­se­ment men­tal, pareil à l’é­pui­se­ment men­tal de M. Holl­bein. Tout accep­ter est un exer­cice ; tout com­prendre est une rude épreuve. Le poète n’as­pire qu’à l’exal­ta­tion et à l’ex­pan­sion, à un monde où il puisse s’é­tendre. Le poète ne demande qu’à lever sa tête jus­qu’aux cieux. C’est le logi­cien qui cherche à faire entrer le ciel dans sa tête. Et c’est sa tête qui se fend. »

Gil­bert Keith Chesterton
Ortho­doxie, 1908, trad. Lucien d’A­zay, édi­tions Flam­ma­rion, coll. Cli­mats, 2010

L’humanité sur cette terre se trouve dans une situation dangereuse…

« L’humanité sur cette terre se trouve dans une situa­tion dan­ge­reuse. Pour­quoi ? Est-ce pour la seule rai­son qu’une troi­sième guerre mon­diale peut écla­ter brus­que­ment et qu’elle entraî­ne­rait la des­truc­tion com­plète de l’humanité et la ruine de la terre ? Non pas. Un dan­ger beau­coup plus grand menace les débuts de l’âge ato­mique – et pré­ci­sé­ment au cas où le risque d’une troi­sième guerre mon­diale pour­rait être écar­té […] (Ce dan­ger, c’est) qu’un jour, la pen­sée cal­cu­lante fût la seule à être admise et à s’exercer […] Alors la plus éton­nante et féconde vir­tuo­si­té du cal­cul qui invente et pla­ni­fie s’accompagnerait… d’indifférence envers la pen­sée médi­tante, c’est-à-dire d’une totale absence de pen­sée. Et alors ? Alors l’homme aurait nié et reje­té ce qu’il pos­sède de plus propre, à savoir qu’il est un être pensant. »

Mar­tin Heidegger
Séré­ni­té (Gelas­sen­heit), 1955, in Ques­tions III, édi­tions Gal­li­mard, 1966

Celui qui trompe son ennemi, moyennant la foi qu’il lui jure…

« À ce pro­pos aus­si Andro­li­cas a lais­sé par écrit un mot que vou­lait dire Lysandre, par où il appert qu’il fai­sait bien peu de compte de se par­ju­rer ; car il disait qu’il fal­lait trom­per les enfants avec des osse­lets, et les hommes avec les ser­ments”, sui­vant en cela Poly­crate, le tyran de Samos, mais non pas avec rai­son ; car lui était capi­taine légi­time et l’autre violent usur­pa­teur de domi­na­tion tyran­nique ; et ce n’était point fait en vrai Laco­nien de se com­por­ter envers les dieux ni plus ni moins qu’envers les enne­mis, ou encore pire­ment et plus inju­rieu­se­ment ; car celui qui trompe son enne­mi, moyen­nant la foi qu’il lui jure, donne à connaître qu’il le craint, mais qu’il ne se sou­cie point des dieux. »

Plu­tarque
Vies paral­lèles (in Vie de Lysandre), entre 100 et 120, trad. Anne-Marie Oza­nam, édi­tions Gal­li­mard, coll. Quar­to, 2002

Dans les faits, plus la prétention de l’économie à sortir

« Dans les faits, plus la pré­ten­tion de l’économie à sor­tir de la mai­son pour deve­nir mon­diale se tra­duit par des normes, des règles et des formes uniques, plus la réa­li­té s’en éloigne, plus la véri­té s’enfuit comme du sable entre les doigts de ceux qui savent bien que les règles et les formes sont tout ce dont la vie s’échappe. […] Vu depuis le monde qui vient, notre sys­tème du monde est d’abord carac­té­ri­sé par la naï­ve­té de la rai­son, qui le conduit à balayer ce qu’il ne com­prend pas, à consi­dé­rer insi­gni­fiant et même inexis­tant ce qu’il n’explique pas, même si des siècles ou des mil­lé­naires l’ont vali­dé, comme si ce qui paraît ne pas avoir de sens ne fai­sait pas sens. Croire que ce qui est bon pour nous l’est pour les autres abou­tit à pro­mettre à ceux qui ne l’ont pas vécue qu’ils pour­ront repro­duire la sin­gu­lière aven­ture de l’Europe et de l’Occident : le simple bon sens suf­fit pour sen­tir la vani­té, plus encore, la faute de cette promesse. »

Her­vé Juvin
Le ren­ver­se­ment du monde. Poli­tique de la crise, édi­tions Gal­li­mard, 2010

Ainsi, serait-ce donc que j’appartiens aux cieux ?

« Ain­si, serait-ce donc que j’appartiens aux cieux ?
Pour­quoi, sinon, fau­drait-il que les cieux
Me fixent obs­ti­né­ment de leur regard d’azur,
M’attirant sans répit, et mon esprit, plus haut
Tou­jours plus haut, m’absorbant dans le ciel,
Sans cette m’entraînant tout là-haut
Vers de loin­tains som­mets, loin au-des­sus des hommes ?
Pour­quoi, quand ont été stric­te­ment calculés
L’équilibre et le vol au mieux de la rai­son,
Pour ban­nir l’élément échap­pant à la norme,
Pour­quoi, même en ce cas, l’élan vers les sommets
Doit paraître, en soi, côtoyer la folie ? »

Yukio Mishi­ma
Icare, in Le soleil et l’acier, 1970, trad. Tan­guy Kenec’h­du, édi­tions Gal­li­mard, 1973, coll. Folio 1993

La notion qui fonde toute coutume vivante…

« La notion qui fonde toute cou­tume vivante, c’est l’honneur. Tout le reste, fidé­li­té, humi­li­té, bra­voure, esprit che­va­le­resque, maî­trise de soi, réso­lu­tion, en découle. Et l’honneur est une ques­tion de sang, non de rai­son. On ne réflé­chit pas – sinon, on a déjà per­du l’honneur. Perdre l’honneur, c’est être effa­cé de la vie, du temps, de l’Histoire. L’honneur de l’ordre, de la famille, de l’homme et de la femme, du peuple et de la patrie, l’honneur du pay­san, du sol­dat, et même du ban­dit : l’honneur signi­fie que la vie, en une cer­taine per­sonne, vaut quelque chose, pos­sède un rang his­to­rique, sa dis­tance, sa noblesse. »

Oswald Spen­gler
Écrits his­to­riques et phi­lo­so­phiques. Pen­sées, édi­tions Coper­nic, 1980

Ni l’existence des moyens d’extermination…

« Ni l’existence des moyens d’extermination, ni une méchan­ce­té pré­mé­di­tée ne consti­tuent la menace der­nière. Celle-ci réside dans le carac­tère iné­luc­table d’une contrainte morale. Les hommes qui uti­lisent ces moyens contre d’autres hommes se voient contraints d’anéantir aus­si mora­le­ment ces autres hommes, leurs vic­times et leurs objets. Ils sont for­cés de décla­rer cri­mi­nel et inhu­main dans son ensemble le camp adverse, d’en faire une non-valeur totale, sous peine d’être eux-mêmes des cri­mi­nels et des monstres. La logique de la valeur et de la non-valeur déploie sa pleine rigueur des­truc­trice et contraint à des dis­cri­mi­na­tions, à des cri­mi­na­li­sa­tions et à des dépré­cia­tions tou­jours nou­velles, tou­jours plus pro­fondes, jusqu’à l’extermination de tout sujet sans valeur, indigne de vivre. »

Carl Schmitt
Théo­rie du par­ti­san, 1963

Le mythe corrige la précision du concept…

« Le mythe cor­rige la pré­ci­sion du concept. »

Nicolás Gómez Dávila
Car­nets d’un vain­cu (tiré de Esco­lios a un tex­to implí­ci­to), 1977, trad. Alexan­dra Tem­plier, L’Arche édi­teur, coll. Tête-à-tête, 2009

L’intellect pur n’a jamais rien produit d’intelligent…

« L’intellect pur n’a jamais rien pro­duit d’intelligent, ni la rai­son pure de raisonnable. »

Frie­drich Hölderlin
Hypé­rion ou l’Er­mite de Grèce (Hyper­ion oder Der Ere­mit in Grie­chen­land), 1797, trad. Jean-Pierre Lefebvre, édi­tions Gar­nier-Flam­ma­rion, 2005

Un demi-siècle après la fin de la Seconde Guerre mondiale…

« Un demi-siècle après la fin de la Seconde Guerre mon­diale, les Euro­péens de l’Ouest, les Amé­ri­cains du Nord et quelques autres pri­vi­lé­giés, ici et là dans le monde, vivent pro­vi­soi­re­ment comme abri­tés dans une bulle de bien-être, tan­dis qu’alentour le reste de l’univers est sou­mis à la vio­lence, à la pré­ca­ri­té, à la faim… Durant leur longue exis­tence natio­nale, les Fran­çais ont sou­vent béné­fi­cié de cette sorte de bulle” pro­tec­trice. Leur posi­tion géo­gra­phique, à l’extrémité occi­den­tale de la pénin­sule eur­asia­tique, a joué en leur faveur comme la mer pour les Anglais ou l’Océan pour les Euro-Amé­ri­cains depuis le XVIIe siècle. Après les conquêtes vikings, la France n’a plus connu la menace d’une inva­sion, ce qui est bien autre chose qu’une guerre dynas­tique, un conflit de bor­nage fron­ta­lier ou une petite guerre autour d’une ville qu’on se dis­pute entre voi­sins. Pen­dant plus de mille ans, les vraies fron­tières de la France furent défen­dues par d’autres sur l’Ebre, l’Oder ou le Danube. La France n’avait pas à se sou­cier de mon­ter la garde face au « désert des Tar­tares ». Ses rois avaient la lati­tude d’adresser des sou­rires au Sul­tan dans le dos des che­va­liers polo­nais ou autri­chiens qui tenaient la menace otto­mane éloi­gnée de Paris. Loin des Sar­ra­sins, des Mon­gols ou des Turcs, dans leur jar­din abri­té et soi­gneu­se­ment des­si­né, les Fran­çais purent culti­ver à loi­sir cet art de vivre unique en son genre, déli­cat, aimable et froid, ces jeux de l’esprit ordon­nés autour du scep­ti­cisme, de l’ironie et de la rai­son, dont ils se sont tant fait gloire. »

Domi­nique Venner
Le Cœur rebelle, Les Belles Lettres, 1994, réédi­tion Pierre-Guillaume de Roux, 2014

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