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Ne comprenez-vous pas que le don de soi, le risque, la fidélité jusqu’à la mort…

« Ne com­pre­nez-vous pas que le don de soi, le risque, la fidé­li­té jusqu’à la mort, voi­là des exer­cices qui ont lar­ge­ment contri­bué à fon­der la noblesse de l’homme ? Quand vous cher­chez un modèle à pro­po­ser, vous le décou­vrez chez le pilote qui se sacri­fie pour son cour­rier, chez le méde­cin qui suc­combe sur le front des épi­dé­mies, ou chez le méha­riste qui, à la tête de son pelo­ton maure, s’enfonce vers le dénue­ment et la soli­tude. Quelques-uns meurent chaque année. Si même leur sacri­fice est en appa­rence inutile, croyez-vous qu’ils n’ont point ser­vi ? Ils ont frap­pé la belle pâte vierge que nous sommes d’abord une belle image, ils ont ense­men­cé jusqu’à la conscience du petit enfant, ber­cé par des contes nés de leurs gestes. Rien ne se perd et le monas­tère clos de murs, lui-même, rayonne. »

Antoine de Saint-Exupéry
Un sens à la vie, 1938

Lorsqu’on recherche et qu’on découvre les véritables causes du combat…

« Lors­qu’on recherche et qu’on découvre les véri­tables causes du com­bat, on honore l’héroïsme, on l’honore par­tout, et tout d’abord chez l’ennemi. C’est pour­quoi, après une guerre, la récon­ci­lia­tion devrait d’abord se faire entre adver­saires com­bat­tants. J’écris en tant que guer­rier, ce qui n’est peut-être pas d’actualité. Mais pour­quoi donc, nous, com­bat­tants, ne cher­che­rions-nous pas à nous ren­con­trer et à nous accor­der sur notre propre ter­rain, celui du cou­rage viril ? Nous ne ris­que­rons pas une décep­tion plus grande que celle qu’éprouvent chaque jour, dans leur propre domaine, les hommes d’État, les artistes, les savants et même les mys­tiques. N’avons-nous pas ser­ré la main qui venait de nous lan­cer une gre­nade, alors que ceux de l’arrière s’enfonçaient tou­jours plus pro­fon­dé­ment dans les brous­sailles de leur haine ? N’avons-nous pas plan­té des croix sur les tombes de nos ennemis ? »

Ernst Jün­ger
La Guerre notre Mère (Der Kampf als inneres Erleb­nis), 1922, trad. Jean Dahel, édi­tions Albin Michel, 1934

Je définirais une société civilisée en ces termes…

« Je défi­ni­rais une socié­té civi­li­sée en ces termes : celle où il y a inter­ac­tion d’une aris­to­cra­tie et d’un arti­sa­nat. (Je n’ai pas dit : une noblesse ; une bour­geoi­sie suf­fit, mais il la faut aris­to­crate.) Sans arti­sa­nat on n’a qu’une peu­plade peut-être struc­tu­rée mais à laquelle le terme civi­li­sée” ne s’ap­plique pas. Sans aris­to­cra­tie, on a ce que nous avons main­te­nant : des couches super­po­sées de semi-pro­fes­sion­nels cher­chant à gagner un maxi­mum de sous en un mini­mum d’heures. Cela non plus n’est pas une civilisation. »

Vla­di­mir Volkoff
Le com­plexe de Pro­custe, édi­tions Jul­liard – L’Âge d’Homme, 1981

Le petit homme contemporain sait comment il se nomme…

« Le petit homme contem­po­rain sait com­ment il se nomme et de qui il est direc­te­ment issu. Là se borne sa cer­ti­tude. Et encore… De la notion du temps, il ne reçoit qu’une per­cep­tion hori­zon­tale, quelque chose de déri­soi­re­ment limi­té. Dans l’éruption conti­nue à la sur­face de la terre, il se retrouve agglo­mé­ré à des mil­liards d’autres hommes… De la per­cep­tion ver­ti­cale, celle qui se hausse par l’échelle du pas­sé, et qui lui ren­drait sa noblesse, quelle que soit la modes­tie de son lignage, il n’a pas conscience. Sou­vent il la refuse. Débar­ras­sé de ce bagage, il s’imagine cou­rir plus vite ! Il galope en rond, le petit homme, comme une carne au bout d’une longe, avec son ano­ny­mat pour piquet. Il n’en sor­ti­ra jamais. Alors ? […]
Il ne sait rien. En quoi cela le concerne-t-il ? Il se tient seul, au centre de sa vie pas­sa­gère, entre son père et son fils, bornes extrêmes de son exis­tence […] Alors vous mesu­rez com­bien immense et proche est le désert… Je trouve cela inad­mis­sible, révol­tant, incroyable, navrant. Je demeure per­sua­dé que la chaîne res­ta long­temps solide et qu’elle com­men­ça à se perdre à l’aube du monde moderne, quand les hommes s’éloignèrent du vrai pour s’occuper de balivernes. »

Jean Ras­pail
La hache des steppes, édi­tions Robert Laf­font, 1974

En effet, la noblesse héréditaire, c’est une noblesse lunaire…

« En effet, la noblesse héré­di­taire, c’est une noblesse lunaire”, et pour ain­si dire faite de morts. Seule demeure en elle, prin­cipe vivant, authen­tique, dyna­mique, l’incitation qu’éprouve le des­cen­dant de main­te­nir par ses efforts, le niveau où attei­gnit son aïeul. Tou­jours, même en ce sens déna­tu­ré, noblesse oblige ! Le noble d’origine s’oblige à lui-même ; l’héritage oblige le noble héréditaire. »

José Orte­ga y Gasset
La révolte des masses (La rebe­lión de las masas, 1929), trad. Louis Par­rot, édi­tions Stock, 1937

On a fait un grand pas en avant lorsqu’on a fini par inculquer…

« On a fait un grand pas en avant lorsqu’on a fini par incul­quer aux grandes masses (aux esprits plats qui ont la diges­tion rapide) ce sen­ti­ment qu’il est défen­du de tou­cher à tout, qu’il y a des évè­ne­ments sacrés où elles n’ont accès qu’en ôtant leurs sou­liers et aux­quels il ne leur est pas per­mis de tou­cher avec des mains impures, — c’est peut-être le point le plus éle­vé d’humanité qu’ils peuvent atteindre. Au contraire, rien n’est aus­si répu­gnant, chez les êtres soi-disant culti­vés, chez les sec­ta­teurs des idées modernes”, que leur manque de pudeur, leur inso­lence fami­lière de l’œil et de la main qui les porte à tou­cher à tout, à goû­ter de tout et à tâter de tout ; et il se peut qu’aujourd’hui, dans le peuple, sur­tout chez les pay­sans, il y ait plus de noblesse rela­tive du goût, plus de sen­ti­ment de res­pect, que dans ce demi-monde des esprits qui lisent les jour­naux, chez les gens culti­vés. »

Frie­drich Nietzsche
Par-delà le bien et le mal – Pré­lude d’une phi­lo­so­phie de l’a­ve­nir (Jen­seits von Gut und Böse – Vor­spiel einer Phi­lo­so­phie der Zukunft), 1886, trad. Patrick Wot­ling, édi­tions Gar­nier-Flam­ma­rion, 2000

Appartenir à l’aristocratie, cela ne consiste pas à bénéficier…

« Appar­te­nir à l’aristocratie, cela ne consiste pas à béné­fi­cier de plus de pri­vi­lèges ou de droits sup­plé­men­taires, mais à s’imposer plus de charges, à se faire une idée plus haute de ses devoirs, à se sen­tir plus res­pon­sable que les autres. Se com­por­ter de manière noble, de quelque milieu social que l’on pro­vienne, c’est n’être jamais satis­fait de soi, ne jamais rai­son­ner en termes d’utilité. Beau­té de la gra­tui­té, beau­té de la dépense inutile”, beau­té du geste. »

Alain de Benoist
Mémoire vive, entre­tiens avec Fran­çois Bous­quet, édi­tions de Fal­lois, 2012

Pour moi, noblesse est synonyme d’une vie vouée à l’effort…

« Pour moi, noblesse est syno­nyme d’une vie vouée à l’effort ; elle doit tou­jours être pré­oc­cu­pée à se dépas­ser elle-même, à haus­ser ce qu’elle est déjà vers ce qu’elle pro­pose comme devoir et comme exi­gence. De cette manière, la vie noble reste oppo­sée à la vie médiocre ou inerte, qui, sta­tis­ti­que­ment, se referme sur elle-même, se condamne à une per­pé­tuelle imma­nence tant qu’une force exté­rieure ne l’oblige à sor­tir d’elle-même. C’est pour­quoi nous appe­lons masse, ce type d’homme, non pas tant parce qu’il est mul­ti­tu­di­naire que parce qu’il est inerte. »

José Orte­ga y Gasset
La révolte des masses (La rebe­lión de las masas, 1929), trad. Louis Par­rot, édi­tions Stock, 1937

Les formes du pouvoir nobiliaire n’ont pas cessé de changer…

« Au fil des siècles, chez les peuples euro­péens et dans cha­cune de leurs cultures par­ti­cu­lières, les formes du pou­voir nobi­liaire n’ont pas ces­sé de chan­ger, et sou­vent de façon rapide, mais la fonc­tion poli­tique et morale de la noblesse, en Grèce, à Rome, en Ger­ma­nie, dans l’Europe médié­vale ou moderne, est res­tée iden­tique pour l’essentiel. La noblesse n’est pas l’aristocratie ; il y a des aris­to­cra­ties de la for­tune et de l’argent. Elle n’est que par­tiel­le­ment dépen­dante de l’hérédité. Elle repose sur le mérite, et celui-ci doit tou­jours être confir­mé. La noblesse se gagne et se perd. Elle vit sur l’idée que le devoir et l’honneur sont plus impor­tants que le bon­heur indi­vi­duel. Ce qu’elle a en propre c’est son carac­tère public. Elle est faite pour diri­ger la chose publique, la res publi­ca. Sa voca­tion n’est pas d’occuper le som­met de la socié­té mais le som­met de l’État. Ce qui la dis­tingue, ce ne sont pas les pri­vi­lèges, mais le fait d’être sélec­tion­née pour com­man­der. Elle gou­verne, juge et mène au com­bat. La noblesse est asso­ciée à la vigueur des liber­tés publiques. Ses terres d’élection sont les liber­tés féo­dales et les monar­chies aris­to­cra­tiques ou consti­tu­tion­nelles. Elle est impen­sable dans les grandes tyran­nies orien­tales, Assur ou l’Égypte. En Europe même, elle s’étiole ou dis­pa­raît chaque fois que s’établit un pou­voir des­po­tique, ce qu’est le cen­tra­lisme éta­tique. Elle implique une per­son­na­li­sa­tion du pou­voir qui huma­nise celui-ci à l’inverse de la dic­ta­ture ano­nyme des bureaux. »

Domi­nique Venner
His­toire et tra­di­tion des Euro­péens, Édi­tions du Rocher, coll. His­toire, 2002

Signes de noblesse : ne jamais songer à rabaisser…

« Signes de noblesse : ne jamais son­ger à rabais­ser nos devoirs à être des devoirs pour tout le monde ; ne pas vou­loir renon­cer à sa propre res­pon­sa­bi­li­té, ne pas vou­loir la par­ta­ger ; comp­ter ses pri­vi­lèges et leur exer­cice au nombre de nos devoirs. »

Frie­drich Nietzsche
Par-delà le bien et le mal – Pré­lude d’une phi­lo­so­phie de l’a­ve­nir (Jen­seits von Gut und Böse – Vor­spiel einer Phi­lo­so­phie der Zukunft), 1886, trad. Patrick Wot­ling, édi­tions Gar­nier-Flam­ma­rion, 2000

La mort. Toujours surgiront un petit nombre d’êtres…

« La mort. Tou­jours sur­gi­ront un petit nombre d’êtres qui sont trop nobles pour la vie. Ils cherchent la blan­cheur, la soli­tude. La noblesse d’êtres qui se lavent des souillures dans un bain de lumière appa­raît sou­vent avec beau­té sur le masque mortuaire.
Ce que j’aime dans l’homme, c’est son essence au-delà de la mort, c’est sa com­mu­nau­té avec elle. L’amour ter­restre n’est qu’un pâle reflet. »

Ernst Jün­ger
Jour­nal de guerre (Strah­lun­gen), 1949, trad. Hen­ri Plard, édi­tions Jul­liard, 1990

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