« L’individu contemporain ne veut plus apprendre, ne veut plus souffrir, ne veut plus subir. »
René Guénon
La crise du monde moderne, 1927, éditions Gallimard, 1946
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« L’individu contemporain ne veut plus apprendre, ne veut plus souffrir, ne veut plus subir. »
René Guénon
La crise du monde moderne, 1927, éditions Gallimard, 1946
« Nos institutions ne valent plus rien : là-dessus tout le monde est d’accord. Pourtant la faute n’en est pas à elles, mais à nous. […]. Pour qu’il y ait des institutions, il faut qu’il y ait une sorte de volonté, d’instinct, d’impératif, antilibéral jusqu’à la méchanceté : une volonté de tradition, d’autorité, de responsabilité, établie sur des siècles, de solidarité enchaînée à travers des siècles, dans le passé et dans l’avenir, in infinitum. Lorsque cette volonté existe, il se fonde quelque chose comme l’imperium Romanum : ou comme la Russie, la seule puissance qui ait aujourd’hui l’espoir de quelque durée, qui puisse attendre, qui puisse encore promettre quelque chose, […] Tout l’occident n’a plus ces instincts d’où naissent les institutions, d’où naît l’avenir : rien n’est peut-être en opposition plus absolue à son « esprit moderne ». On vit pour aujourd’hui, on vit très vite, — on vit sans aucune responsabilité : c’est précisément ce que l’on appelle « liberté ». Tout ce qui fait que les institutions sont des institutions est méprisé, haï, écarté : on se croit de nouveau en danger d’esclavage dès que le mot « autorité » se fait seulement entendre. »
Friedrich Nietzsche
Crépuscule des idoles ou Comment on philosophe avec un marteau (Götzen-Dämmerung oder wie man mit dem Hammer philosophiert), 1888, trad. Patrick Wotling, éditions Garnier-Flammarion, 2005
« […] Cette prestigieuse civilisation, la seule des grandes civilisations du monde antique qui ait survécu et dont l’apport, s’il était mieux connu, pourrait bouleverser profondément la pensée du monde moderne, et provoquer une nouvelle Renaissance. »
Alain Daniélou
Le Chemin du Labyrinthe, Éditions du Rocher, 1984
« Nous luttons pour que les hommes restent fidèles à leur nature profonde, pour qu’ils s’épanouissent dans tous les domaines, pour qu’ils continuent à former des communautés « à l’échelle humaine », de la famille à l’Europe, de l’usine à la région. Nous luttons contre le temps des robots que nous préparent ensemble les techniciens du monde communiste et ceux du monde capitaliste. Nous refusons « les temps modernes » parce qu’ils procèdent d’une même vision illusoire et irréelle. »
Jean Mabire
La torche et le glaive, éditions Libres opinions, 1994
« La civilisation moderne ne doit pas être considérée comme une civilisation » active », mais comme une civilisation d’agités et de névropathes. Comme compensation du « travail » et de l’usure d’une vie qui s’abrutit dans une agitation et une production vaines, l’homme moderne, en effet, ne connaît pas l’otium classique, le recueillement, le silence, l’état de calme et de pause qui permettent de revenir à soi-même et de se retrouver. Non : il ne connaît que la « distraction » (au sens littéral, distraction signifie « dispersion ») ; il cherche des sensations, de nouvelles tensions, de nouveaux excitants, comme autant de stupéfiants psychiques. Tout, pourvu qu’il échappe à lui-même, tout, pourvu qu’il ne se retrouve pas seul avec lui-même, isolé du vacarme du monde extérieur et de la promiscuité avec son « prochain ». D’où radio, télévision, cinéma, croisières organisées, frénésie de meetings sportifs ou politiques dans un régime de masse, besoin d’écouter, chasse au fait nouveau et sensationnel, « supporters » en tout genre et ainsi de suite. Chaque expédient semble avoir été diaboliquement disposé pour que toute vie intérieure soit détruite, pour que toute défense interne de la personnalité soit interdite dès le départ, pour que, tel un être artificiellement galvanisé, l’individu se laisse porter par le courant collectif, lequel, évidemment, selon le fameux « sens de l’histoire », avance vers un progrès illimité. »
Julius Evola
L’arc et la massue, Chapitre V, « L’affaiblissement des mots », 1968
« L’imprévisible, ce qui surgit sans cause ni raison, ce que rien ne détermine, voilà qui reçut jadis un nom : le destin, le sort. Cette force déroutante, mystérieuse, à laquelle les dieux eux-mêmes sont soumis – le sort –, nous sera-t-il un jour favorable ? Nous n’en savons rien. Cela n’est pas entre nos mains. Et pourtant, cela aussi est, en un sens, entre nos mains. Contrairement à ce que la modernité croit, la volonté des hommes, certes, n’est pas toute-puissante. Mais le destin non plus. Il a besoin de notre aide. Nous dépendons de lui, mais le destin aussi dépend de nous. Sans notre engagement décidé, sans notre lutte vaillante, jamais le sort ne pourrait nous être favorable. »
Javier Portella
Les leçons du samouraï, allocution au Colloque Dominique Venner, Paris, Maison de la Chimie, 17 mai 2014
« Pourquoi la civilisation européenne, qui est le lieu par excellence de la haute culture, de l’évolution et de la beauté, se renie-t-elle à ce point, craint de faire état de volonté de puissance et fait manifestement tout pour se suicider ? C’est un nihilisme profond qui est à l’œuvre ; un nihilisme entendu comme une maladie de l’esprit que les civilisations fatiguées, et trop coupées du naturel, attrapent. […] En termes de réponse et pour résumer brièvement, je crois qu’il faut se débarrasser de la moraline qui est son symptôme purulent, revenir au droit naturel, assainir nos modes de vie, et trouver de nouveaux défis civilisationnels exigeants. »
Julien Rochedy
Entretien à Valeurs Actuelles, 19 décembre 2019
« Dans la plupart des sociétés policées modernes, les ministres, les banquiers, les directeurs de journaux, les hauts fonctionnaires, les puissants échappent, sauf exception, aux conséquences des fautes ou des indélicatesses qui enverraient aux assises ou en correctionnelle des citoyens de moindre rang. Cette impunité apparemment acceptée par le grand nombre n’en laisse pas moins subsister de sourds désirs de châtiments. L’éveil imprévisible de tels sentiments peut faire flamber des rancœurs d’une force volcanique. Des régimes apparemment bien assis peuvent subitement s’effondrer dans l’indifférence générale, faute de défenseurs, ou dans l’allégresse, en raison du grand nombre de mécontents. »
Dominique Venner
Le Cœur rebelle, Les Belles Lettres, 1994, réédition Pierre-Guillaume de Roux, 2014
« La foi est un empire où le mystère, la poésie, la magie, l’inexplicable et l’irrationnel résistent contre les forces desséchantes du matérialisme. »
Sylvain Tesson
Géographie de l’instant, Éditions des Équateurs, 2012
« Là où le sexe est mis en relief, il est naturel que la femme, sa dispensatrice et son objet, prenne le pas, et c’est ce que l’on constate, à bien des égards, aujourd’hui : à cette sorte de « démonie », d’intoxication sexuelle chronique qui est le propre de l’époque actuelle et se manifeste de mille façons dans la vie publique et dans les mœurs, répond une gynocratie virtuelle, une tendance, sexuellement orientée, à la prééminence de la femme, prééminence qui, à son tour, est en relation directe avec l’involution matérialiste et utilitaire du sexe masculin ; il en résulte que le phénomène est surtout manifeste dans les pays où, comme aux États-Unis, cette involution est particulièrement poussée, grâce au « progrès ». »
Julius Evola
Chevaucher le tigre (Cavalcare la tigre), 1961
« Si la construction de l’Europe a un sens, c’est principalement à condition que l’Europe sache inventer une solution originale au malaise de la société de consommation, en s’inspirant de son expérience et de ses traditions. […] La mission de l’Europe est de construire les digues qui canaliseront la société de consommation. Nous avons besoin d’établir quelque pouvoir, à défaut de quelque dieu, au-dessus des ingénieurs du monde moderne, au-dessus de l’empire des stocks et des bilans. »
Maurice Bardèche
Sparte et les Sudistes, éditions Les Sept Couleurs, 1969
« Désormais, il n’y a plus dans la communauté que des automates manœuvrés d’en haut, des résidus infiniment petits de l’homme, des âmes mutilées, passives et pour ainsi, mortes. Institué pour préserver les personnes, l’État les a toutes anéanties. Institué pour préserver les propriétés, l’État les confisque toutes. »
Hippolyte Taine
Les origines de la France contemporaine, III – Le régime moderne, 1890