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Thème

Citations sur la modernité

Lorsqu’on pense aux moyens chaque fois plus puissants…

« Lors­qu’on pense aux moyens chaque fois plus puis­sants dont dis­pose le sys­tème, un esprit ne peut évi­dem­ment res­ter libre qu’au prix d’un effort conti­nuel. Qui de nous peut se van­ter de pour­suivre cet effort jus­qu’au bout ? Qui de nous est sûr, non seule­ment de résis­ter à tous les slo­gans, mais aus­si à la ten­ta­tion d’op­po­ser un slo­gan à un autre ? »

Georges Ber­na­nos
La France contre les robots, 1946, édi­tions Robert Laf­font, 1947, Le Cas­tor Astral édi­teur, coll. Galaxie, 2017

Le destin de ceux qui finiront avec la dissolution du monde moderne…

« C’est une voca­tion héroïque que d’affronter la vague la plus tour­billon­nante et de savoir que deux des­tins sont à égale dis­tance, le des­tin de ceux qui fini­ront avec la dis­so­lu­tion du monde moderne et le des­tin de ceux qui se retrou­ve­ront dans l’axe cen­tral et royal du nou­veau courant. »

Julius Evo­la
Révolte contre le monde moderne (Rivol­ta contro il mon­do moder­no), 1934

La Grande Guerre, cette catastrophe européenne…

« Le XXème siècle, nous le savons, est mort en 1989. Il aura duré soixante-dix ans. Il avait vu le jour entre 1914 et 1918, fils de l’horreur et de l’imposture. La Grande Guerre”, cette catas­trophe euro­péenne, fut déclen­chée et conduite par des bar­bons très conve­nables au nom des valeurs éter­nelles” de la per­sonne humaine, du droit, de la patrie et de la civi­li­sa­tion. Des tue­ries sans nom, la liqui­da­tion de géné­ra­tions entières de jeunes hommes, la nais­sance à l’Est de la plus féroce et de la plus absurde des tyran­nies, la des­truc­tion d’équilibres sécu­laires irrem­pla­çables, le char­cu­tage inique des nations d’Europe cen­trale pour com­plaire aux uto­pies ou aux ambi­tions de vision­naires éga­rés, sans oublier l’enfantement, vingt ans plus tard, d’un nou­vel holo­causte pire encore, voi­là de quoi avait accou­ché l’ère bour­geoise triom­phante, héri­tière satis­faite de 1789. »

Domi­nique Venner
Le Cœur rebelle, Les Belles Lettres, 1994, réédi­tion Pierre-Guillaume de Roux, 2014

Les Européens à leur tour doivent se communautariser…

« Les Euro­péens à leur tour doivent se com­mu­nau­ta­ri­ser : éco­no­mi­que­ment, cultu­rel­le­ment, géo­gra­phi­que­ment. Il faut faire notre la for­mule de Michel Maf­fe­so­li la moder­ni­té c’est l’individualisme, la post moder­ni­té c’est la com­mu­nau­té. »

Jean-Yves Le Gallou
XXIe siècle, vers un nou­veau cycle euro­péen ?, allo­cu­tion au cin­quième col­loque de l’Institut Iliade, Paris, Mai­son de la Chi­mie, 7 avril 2018

Il n’y a pas de volonté d’assimiler des peuples à notre culture…

« Vincent Peillon, ancien ministre de l’Éducation natio­nale, esti­mait qu’il était du rôle de l’école d’ arra­cher les enfants à tous les déter­mi­nismes sociaux et cultu­rels”. Par cette décla­ra­tion il sou­hai­tait pro­mou­voir l’idée d’une socié­té post-tra­di­tion­nelle, en par­tie parce que lui, et ceux qui l’ont pré­cé­dé, n’ont pas su régler le pro­blème d’une socié­té fran­çaise qui voit coha­bi­ter une mul­ti­pli­ci­té de tra­di­tions cultu­relles et reli­gieuses (aux racines par­fois fort éloi­gnées) depuis désor­mais qua­rante ans. Le grand effa­ce­ment de notre culture tra­di­tion­nelle doit faci­li­ter l’intégration de plu­sieurs peuples à qui l’on deman­de­ra plus tard le même effort. Le vivre-ensemble” à la manière post-moderne est d’abord un vivre avec”, puis un revivre” sous une autre forme fon­ciè­re­ment dif­fé­rente de celle qui fut aupa­ra­vant ; il n’y a pas de volon­té d’assimiler des peuples à notre culture mais bien plu­tôt le pro­jet de tous nous assi­mi­ler, à marche for­cée, à une vision du monde par­tiel­le­ment incon­nue fon­dée sur une uto­pie concep­tuelle dont on ne peut mesu­rer les consé­quences. Il faut se poser une ques­tion se situant au-delà de la pas­sion que pour­rait géné­rer un tel débat : ce pro­jet est-il réa­li­sable et, le cas échéant, est-il sou­hai­table ? Non. »

Gabriel Robin
« Les Tra­di­tions vivantes », inter­ven­tion à la 7ème jour­née de réin­for­ma­tion de Polé­mia, Paris, 18 octobre 2014

Toute la science moderne n’a pas la moindre valeur de connaissance…

« Toute la science moderne n’a pas la moindre valeur de connais­sance ; elle se base sur un renon­ce­ment for­mel à la connais­sance au sens vrai. La force motrice et orga­ni­sa­trice de la science moderne ne dérive pas du tout de l’idéal de la connais­sance, mais exclu­si­ve­ment de l’exigence pra­tique, et peut-on dire, de la volon­té de puis­sance appli­quée aux choses, à la nature […] En der­nière ana­lyse, l’élan vers la connais­sance s’est trans­for­mé en une impul­sion à domi­ner, et c’est d’un scien­ti­fique, B. Rus­sel, qu’on tient l’aveu que la science, de moyen de connaître le monde, est deve­nu un moyen de chan­ger le monde. »

Julius Evo­la
Che­vau­cher le tigre (Caval­care la tigre), 1961

Les cultures modernes sont des dévoreuses d’espace…

« Les cultures modernes sont des dévo­reuses d’espace, les cultures tra­di­tion­nelles furent des dévo­reuses de temps. Les pre­mières ont une fièvre ver­ti­gi­neuse de mou­ve­ment et de conquêtes ter­ri­to­riales, qui génère un arse­nal infi­ni de moyens méca­niques capable de réduire les plus grandes dis­tances, d’abréger chaque inter­valle, de conte­nir dans une sen­sa­tion d’ubiquité tout ce qui se déploie dans la mul­ti­tude des lieux […] Au contraire, les cultures tra­di­tion­nelles furent ver­ti­gi­neuses par leur sta­bi­li­té, leur iden­ti­té et leur capa­ci­té à résis­ter, inébran­la­ble­ment, au cours du temps et de l’histoire : elles ont été capables d’exprimer jusque dans des formes sen­sibles et tan­gibles un sym­bole d’éternité. »

Julius Evo­la
L’Arc et la Mas­sue (L’arco e la cla­va), 1968

Et puis une révolution est effectivement survenue. Pas du tout celle qu’on attendait…

« Nous ne l’a­vons même pas vue se pro­duire car il s’est agi d’une révo­lu­tion silen­cieuse, d’une révo­lu­tion invi­sible, d’une révo­lu­tion sans nom ni visage, sans acteur mani­feste pour la por­ter du type de ceux qu’on avait cru pou­voir iden­ti­fier dans le pas­sé. Mais une révo­lu­tion quand même puisqu’elle nous a fait chan­ger de monde sur tous les plans. Cette révo­lu­tion qui se déclare dans la seconde moi­tié des années 1970, consé­cu­ti­ve­ment au choc pétro­lier de la fin 1973 qui aura joué comme son déclen­cheur, cette révo­lu­tion qui se répand par des vagues désor­mais bien iden­ti­fiées avec la mon­dia­li­sa­tion libé­rale est tout à la fois une révo­lu­tion indus­trielle, une révo­lu­tion tech­no­lo­gique, une révo­lu­tion cultu­relle, une révo­lu­tion sociale. Nous en par­lons tous les jours. Finan­cia­ri­sa­tion du capi­ta­lisme, entrée dans l’ère numé­rique, indi­vi­dua­li­sa­tion des socié­tés, post­mo­der­nisme cultu­rel. Ces ingré­dients nous sont fami­liers. Mais c’est une révo­lu­tion de l’échappée de l’histoire à notre prise, une révo­lu­tion de l’échappée du cours de l’histoire à la maî­trise réflé­chie des acteurs.
Au rebours de ce qu’était la marche anté­rieure de nos socié­tés qui parais­sait nous pro­mettre les ins­tru­ments d’une his­toire davan­tage vou­lue en conscience et maî­tri­sée, cette révo­lu­tion nous a jetés dans une his­toire subie à laquelle nous contri­buons mal­gré nous, nous ne pou­vons pas ne pas y contri­buer, mais dont le cours nous échappe et dont il est vain d’espérer détec­ter la direc­tion. Aus­si bien d’ailleurs que de lui assi­gner un quel­conque abou­tis­se­ment. Nous avons beau savoir que nous fai­sons cette his­toire, l’expérience que nous en avons au quo­ti­dien ne nous laisse plus espé­rer que nous pour­rions savoir ce que nous en fai­sons. Elle est un pro­duit de notre action qui se sous­trait à notre réflexion. En pro­fon­deur, elle cesse d’être même d’être vécue comme une His­toire en mesure de relier un pas­sé intel­li­gible avec un ave­nir plau­sible. Il ne reste plus qu’un chaos d’interactions obs­cures, sans pas­sé auquel les relier ni futur iden­ti­fiable qui pour­rait en sur­gir. C’est de cet effa­ce­ment, remar­quons-le au pas­sage, que naît le règne du pré­sent. S’il n’y a plus ni pas­sé auquel réfé­rer les actions au pré­sent ou futur iden­ti­fiable à par­tir de ces actions au pré­sent, il ne reste effec­ti­ve­ment que le pré­sent. C’est cela le noyau du pré­sen­tisme contem­po­rain. L’idée d’Histoire comme réfé­rent col­lec­tif par rap­port auquel se situer s’est éva­nouie. Et je crois qu’il ne faut pas aller cher­cher ailleurs le secret du brouillage des iden­ti­tés poli­tiques. »

Mar­cel Gauchet
Qui sont les acteurs de l’histoire ?, confé­rence au 17e Ren­dez-vous de l’Histoire, Blois, 10 octobre 2014

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