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Laissons monter en nous les chants inhumainement sublimes…

« Lais­sons mon­ter en nous les chants inhu­mai­ne­ment sublimes. Ils nous aide­ront dans le brouillard de notre temps. Car d’horribles siècles s’avancent. (…) Homère, vieux com­pa­gnon d’au­jourd’­hui, peut chas­ser ce cau­che­mar post-huma­niste. Il nous offre une conduite : celle d’un homme déployé dans un monde cha­toyant et non pas aug­men­té sur une pla­nète rétrécie. »

Syl­vain Tesson
Un été avec Homère, Édi­tions des Équa­teurs, 2018

« Donner des chants », autrement dit des poèmes, cela signifie transcender le malheur…

« Si les dieux ont infli­gé la mort à tant d’hommes, c’est pour don­ner des chants aux gens de l’avenir”, L’Iliade (VIII, 579 – 580). Don­ner des chants”, autre­ment dit des poèmes, cela signi­fie trans­cen­der le mal­heur en œuvre d’art et en beau­té. Le mal­heur est ain­si ren­ver­sé en son contraire. »

Domi­nique Venner
Un samou­raï d’Occident. Le Bré­viaire des insou­mis, édi­tions Pierre-Guillaume de Roux, 2013

Le culte du passé, c’est le mémorial de la famille…

« Le culte du pas­sé, c’est le mémo­rial de la famille, le bla­son de la chau­mière, la gloire du foyer. C’est la source vivi­fiante où le sen­ti­ment de l’honneur se raf­fer­mit, où le cœur se retrempe. C’est, aux jours de repos, la légende qui édi­fie, le conte qui recrée, la chan­son qui fait rire. C’est, aux jours d’anxiété, la poé­sie d’Ossian qui entend la parole des siens dans le souffle des vents et voit appa­raître leur blanche figure dans les lueurs du cré­pus­cule, dans les contours des nuages. »

Xavier Mar­mier
Prose et Vers, 1890, édi­tions Hachette Livre, 2018

À entendre les chants et à admirer les danses des Flamands comme des Bretons…

« À entendre les chants et à admi­rer les danses des Fla­mands comme des Bre­tons, je res­sen­tis le ter­rible manque de ce que l’écrivain Saint-Loup devait nom­mer une patrie char­nelle”. Brus­que­ment, sur cette terre du Vexin, j’avais la cer­ti­tude que rien ne pou­vait s’entreprendre qui ne fut pla­cé sous le double signe d’une terre et d’un peuple. Pour moi, désor­mais, ce ne pou­vait être que la Nor­man­die et rien d’autre. »

Jean Mabire
La Varende entre nous, édi­tions Pré­sence de La Varende, 1999 (révé­la­tion lors du Sol­stice de Mar­que­mont le 19 juin 1948)

Combien peu de chose il faut pour le bonheur…

« Com­bien peu de chose il faut pour le bon­heur ! Le son d’une cor­ne­muse. Sans musique la vie serait une erreur. L’Alle­mand se figure Dieu lui-même en train de chan­ter des chants. »

Frie­drich Nietzsche
Cré­pus­cule des idoles ou Com­ment on phi­lo­sophe avec un mar­teau (Göt­zen-Däm­me­rung oder wie man mit dem Ham­mer phi­lo­so­phiert), 1888, trad. Patrick Wot­ling, édi­tions Gar­nier-Flam­ma­rion, 2005

Ah ! Général, il n’y a qu’un problème…

« Ah ! Géné­ral, il n’y a qu’un pro­blème, un seul de par le monde. Rendre aux hommes une signi­fi­ca­tion spi­ri­tuelle, des inquié­tudes spi­ri­tuelles, faire pleu­voir sur eux quelque chose qui res­semble à un chant gré­go­rien. On ne peut vivre de fri­gi­daires, de poli­tique, de bilans et de mots croi­sés, voyez-vous ! On ne peut plus vivre sans poé­sie, cou­leur ni amour. Rien qu’à entendre un chant vil­la­geois du XVe siècle, on mesure la pente des­cen­due. Il ne reste rien que la voix du robot de la pro­pa­gande […] Mais où vont les États-Unis et où allons-nous, nous aus­si, à cette époque de fonc­tion­na­riat uni­ver­sel ? L’homme robot, l’homme ter­mite, l’homme oscil­lant du tra­vail à la chaîne sys­tème Bedeau à la belote. L’homme châ­tré de tout son pou­voir créa­teur, et qui ne sait même plus, du fond de son vil­lage, créer une danse ni une chan­son. L’homme que l’on ali­mente en culture de confec­tion, en culture stan­dard comme on ali­mente les bœufs en foin. C’est cela l’homme d’aujourd’hui. […] ça m’est égal d’être tué en guerre. De ce que j’ai aimé, que res­te­ra-t-il ? Autant que les êtres, je parle des cou­tumes, des into­na­tions irrem­pla­çables, d’une cer­taine lumière spi­ri­tuelle. Du déjeu­ner dans la ferme pro­ven­çale sous les oli­viers, mais aus­si de Haen­del. Les choses je m’en fous, qui sub­sis­te­ront. Ce qui vaut, c’est un cer­tain arran­ge­ment des choses. La civi­li­sa­tion est un bien invi­sible puis­qu’elle porte non sur les choses, mais sur les invi­sibles liens qui les nouent l’une à l’autre, ain­si et non autre­ment. Nous aurons de par­faits ins­tru­ments de musique, dis­tri­bués en grande série, mais où sera le musicien ? »

Antoine de Saint-Exupéry
Lettre au géné­ral X (juillet 1943), in Un sens à la vie, édi­tions Gal­li­mard, coll. Blanche, 1956

La tradition est un choix, un murmure…

« La tra­di­tion est un choix, un mur­mure des temps anciens et du futur. Elle me dit qui je suis.
Elle me dit que je suis de quelque part.
Je suis du pays de l’arbre et de la forêt, du chêne et du san­glier, de la vigne et des toits pen­tus, des chan­sons de geste et des contes de fées, du sol­stice d’hiver et de la Saint-Jean d’été, des enfants blonds et des regards clairs, de l’action opi­niâtre et des rêves fous, des conquêtes et de la sagesse. Je suis du pays où l’on fait ce que l’on doit parce qu’on se doit d’abord à soi-même.
Voi­là pour­quoi je suis un cœur rebelle. Rebelle par fidélité. »

Domi­nique Venner
Le cœur rebelle, Les Belles Lettres, 1994, réédi­tion Pierre-Guillaume de Roux, 2014

Dans le monde germanique le héros est un idéal moral…

« Dans le monde ger­ma­nique le héros est un idéal moral. Le chant qui lui est consa­cré n’est pas seule­ment un agréable passe-temps pour les heures de loi­sirs, il a en outre une signi­fi­ca­tion bien plus haute. Le chant héroïque devait offrir à l’antrustionnat du prince ger­ma­nique à la cour duquel il était décla­mé, dans une grande salle, un magni­fique exemple de ver­tus viriles que chaque guer­rier devait ten­ter d’égaler. C’est pré­ci­sé­ment cela qui donne à l’épopée héroïque sa valeur d’éternité : un type d’humanité qui s’y est en effet éle­vé au rang d’un modèle uni­ver­sel de prouesse guer­rière aux dimen­sions presque surhumaines. »

Jan de Vries
L’univers men­tal des Ger­mains, édi­tions du Porte-glaive, 1988

Les états décadents et les gens mûrs pour le déclin n’ignorent…

« Les états déca­dents et les gens mûrs pour le déclin n’ignorent pas la musique, il est vrai, mais leur musique manque de séré­ni­té. Aus­si, plus la musique est bruyante et plus les gens deviennent mélan­co­liques, plus le pays est en dan­ger et plus son prince tombe bas. »

Lü Buwei, cité par Her­mann Hesse
Le Jeu des perles de verre (Das Glas­per­len­spiel), 1943, trad. Jacques Mar­tin, Cal­mann-Lévy édi­teur, 1955

Ils marchent et ils chantent…

« Ils marchent et ils chantent. Ils sont des mil­lions dans la nuit froide de jan­vier. Mais ils sont morts. Et nous ne sommes que quelques-uns. Mais nous sommes vivants. Et nous ne lâche­rons pas nos épées et nous n’éteindrons pas nos torches. »

Jean Mabire
La torche et le glaive, édi­tions Libres opi­nions, 1994

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