« L’intégrité renvoie avant tout au courage de nos convictions. »
Christopher Lasch
Les femmes et la vie ordinaire (Women and the Common Life), 1997, éditions Flammarion, coll. Champs, 2018
Un projet de l'Institut ILIADE pour la longue mémoire européenne
Nous menons un travail long et exigeant afin d'assurer la qualité des milliers de citations que nous vous proposons. Tout cela a un coût que vous pouvez nous aider à supporter faisant un don.
« L’intégrité renvoie avant tout au courage de nos convictions. »
Christopher Lasch
Les femmes et la vie ordinaire (Women and the Common Life), 1997, éditions Flammarion, coll. Champs, 2018
« Une nuit, il fut réveillé tout à coup en sursaut : alerte, les yeux brillants, les narines frémissantes, le poil hérissé en vagues… L’Appel se faisait entendre, et tout près cette fois. Jamais il ne l’avait distingué si clair et si net. Cela ressemblait au long hurlement du chien indigène. Et, dans ce cri familier, il reconnut cette voix, entendue jadis, qu’il cherchait depuis des semaines, et des mois. »
Jack London
L’Appel de la forêt (The Call of the Wild), 1903, trad. Raymonde de Galard, Éditions du Rocher, coll. Motifs, 2006
« De même que l’homme fort se réjouit dans son aptitude physique, se complaît dans les exercices qui provoquent les muscles à l’action, de même l’analyse prend sa gloire dans cette activité spirituelle dont la fonction est de débrouiller. Il tire du plaisir même des plus triviales occasions qui mettent ses talents en jeu. Il raffole des énigmes, des rébus, des hiéroglyphes ; il déploie dans chacune des solutions une puissance de perspicacité qui, dans l’opinion vulgaire, prend un caractère surnaturel. »
Edgar Allan Poe
Double assassinat dans la rue Morgue (The Murders in the Rue Morgue), 1841, trad. Charles Baudelaire, in Histoires extraordinaires, 1856, éditions Garnier-Flammarion, 2020
« Les années qui ont débouché sur la crise financière de 2008 furent l’âge d’or de la confiance grisante dans le marché et de la dérégulation qu’elle a entraînée – on pourrait les qualifier d’ère du triomphalisme du marché. Cette ère a commencé au début des années 1980, décennie où Ronald Reagan et Margaret Thatcher se sont dits certains que le marché, et non les États, était la clé de la prospérité et de la liberté ; puis ce mouvement s’est poursuivi dans les années 1990, période où s’est épanoui le libéralisme favorable au marché de Bill Clinton et de Tony Blair, lesquels ont en même temps tempéré et consolidé la conviction que le bien public repose surtout sur le marché.
À l’heure actuelle, cette confiance est battue en brèche. L’ère du triomphalisme mercantile s’est achevée. La crise financière a fait plus qu’amener à douter de l’aptitude du marché à répartir efficacement les risques : on s’accorde en outre à reconnaître depuis que celui-ci s’est tellement détaché de la morale qu’il est devenu indispensable de l’en rapprocher à nouveau d’une manière ou d’une autre. Mais, ce qui n’est pas évident, c’est ce qu’il faudrait entendre par là, ou comment il conviendrait de procéder.
Pour certains, un même défaut moral était au cœur du triomphalisme du marché : la cupidité, qui poussa à prendre des risques inconsidérés. Dans cette optique, la solution consisterait à juguler ce travers en exigeant que les banquiers et les décideurs de Wall Street fassent preuve de davantage d’intégrité et de responsabilité et en promulguant des réglementations assez intelligentes pour prévenir la répétition d’une crise similaire.
C’est un diagnostic partiel, au mieux, car, même si la cupidité a indéniablement concouru à déclencher la crise financière, quelque chose de plus important est en jeu. Le plus funeste de tous les changements propres aux trois dernières décennies n’a pas résidé dans cette avidité accrue : il tient à ce que le marché et les valeurs marchandes ont envahi des sphères de la vie où ils n’ont pas leur place. […] L’immixtion du marché, et des raisonnements qu’il induit, dans les aspects de la vie traditionnellement régis par des normes non marchandes est l’une des évolutions les plus significatives de notre temps. »
Michael Sandel
Ce que l’argent ne saurait acheter (What Money Can’t Buy : The Moral Limits of Markets), éditions du Seuil, 2014
« C’est le matin que les professeurs et les policiers réclament, que les philosophes ont exalté depuis deux siècles, le matin de l’uniformité, du réflexe conditionné, du meilleur des mondes, de l’ordre absolu, de la réalité égalitaire, de la grisaille, de la réaction uniforme à un stimulus uniforme, le matin où une cloche qui tintera fera prendre aux moutons le chemin du pâturage. C’est aussi le matin pour la venue duquel nous prions dans nos organisations industrielles, dans nos fermes collectives, dans nos conciles ecclésiastiques, dans nos systèmes de gouvernement, dans nos rapports entre États, dans nos nobles demandes d’un gouvernement mondial. C’est le matin auquel nous aspirons lorsque nous formulons la prière d’être un jour tous les mêmes. C’est le matin contre la venue duquel, qu’ils le sachent ou non, les jeunes élèvent leur protestation. Et c’est un matin, il faut l’espérer, qui ne viendra jamais. »
Robert Ardrey
La loi naturelle, éditions Stock, 1971
« Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent seulement de nuit. »
Edgar Allan Poe
Eleonora, 1841, in Histoires grotesques et sérieuses, trad. Charles Baudelaire, 1864
« Le déracinement déracine tout, sauf le besoin de racines. »
Christopher Lasch
Culture de masse ou culture populaire ? (Mass Culture Reconsidered ?), in democracy, octobre 1981, éditions Flammarion, coll. Climats, 2001
« Puisque nous ne pouvons pas tromper toute la race humaine en permanence, il est très important de couper chaque génération des autres ; en effet, quand l’érudition établit un commerce libre entre les âges, on risque toujours que les erreurs caractéristiques d’une époque soient corrigées par les vérités caractéristiques d’une autre. Mais grâce à notre Père et au Point de Vue Historique, les grands érudits d’aujourd’hui sont aussi peu nourris par le passé que le plus ignorant des mécaniciens qui s’imagine que “l’histoire, c’est de la blague”. »
Clive Staples Lewis
Tactique du diable (Screwtape Letters), n°27, 1941
L’allusion de la fin de citation renvoie à une déclaration de l’industriel américain Henry Ford : « History is more or less bunk. It’s tradition. We don’t want tradition. We want to live in present, and the only history that is worth a thinker’s damn is the theory thant we make today » (entretien avec Charles N. Wheeler, Chicago Tribune, 25 mai 1916).
« Ah ! ce n’est pas dans la science qu’est le bonheur, mais dans l’acquisition de la science ! Savoir pour toujours, c’est l’éternelle béatitude ; mais tout savoir, ce serait une damnation de démon. »
Edgar Allan Poe
Puissance de la parole (The Power of Words), 1845, trad. Charles Baudelaire, in Nouvelles histoires extraordinaires, 1857, éditions Garnier-Flammarion, 2008
« L’homme se distingue des autres animaux surtout en ceci : il est le seul qui maltraite sa femelle, méfait dont ni les loups ni les lâches coyotes ne se rendent coupables, ni même le chien dégénéré par la domestication. »
Jack London
Les Vagabonds du rail (The road), 1907, trad. Louis Postif, éditions Phébus, coll. Libretto, 2001
« L’un des risques associés aux opérations fondées sur le choc a trait aux “conséquences involontaires” ou au déclenchement de réactions imprévues. Par exemple, des attaques massives contre l’infrastructure d’une nation, son réseau électrique ou son système économique peuvent créer des souffrances telles que, à cause du contrecoup, nous fouettons la volonté nationale de nos opposants de combattre au lieu de l’affaiblir. »
Lt-Cnl John N. T. Shanahan
« Shock-based-operations », Air & Space Power, 2001
« La Musique, dit Marmontel, dans ces Contes moraux que nos traducteurs persistent à appeler Moral Tales, comme en dérision de leur esprit, la musique est le seul des talents qui jouisse de lui-même ; tous les autres veulent des témoins. Il confond ici le plaisir d’entendre des sons agréables avec la puissance de les créer. Pas plus qu’aucun autre talent, la musique n’est capable de donner une complète jouissance, s’il n’y a pas une seconde personne pour en apprécier l’exécution. Et cette puissance de produire des effets dont on jouisse pleinement dans la solitude ne lui est pas particulière ; elle est commune à tous les autres talents. L’idée que le conteur n’a pas pu concevoir clairement, ou qu’il a sacrifiée dans son expression à l’amour national du trait, est sans doute l’idée très soutenable que la musique du style le plus élevé est la plus complètement sentie quand nous sommes absolument seuls. »
Edgar Allan Poe
L’Île de la Fée (The Island of the Fay), 1841, trad. Charles Baudelaire, in Nouvelles histoires extraordinaires, 1857, éditions Garnier-Flammarion, 2008