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Citations sur l'esclavage
Ce que produit la société universelle : un ensemble flou…
« Ce que produit la société universelle : un ensemble flou où la règle remplace la relation et où l’obéissance remplace l’identité. »
Hervé Juvin
La grande séparation, éditions Gallimard, 2013
Et puis une révolution est effectivement survenue. Pas du tout celle qu’on attendait…
« Nous ne l’avons même pas vue se produire car il s’est agi d’une révolution silencieuse, d’une révolution invisible, d’une révolution sans nom ni visage, sans acteur manifeste pour la porter du type de ceux qu’on avait cru pouvoir identifier dans le passé. Mais une révolution quand même puisqu’elle nous a fait changer de monde sur tous les plans. Cette révolution qui se déclare dans la seconde moitié des années 1970, consécutivement au choc pétrolier de la fin 1973 qui aura joué comme son déclencheur, cette révolution qui se répand par des vagues désormais bien identifiées avec la mondialisation libérale est tout à la fois une révolution industrielle, une révolution technologique, une révolution culturelle, une révolution sociale. Nous en parlons tous les jours. Financiarisation du capitalisme, entrée dans l’ère numérique, individualisation des sociétés, postmodernisme culturel. Ces ingrédients nous sont familiers. Mais c’est une révolution de l’échappée de l’histoire à notre prise, une révolution de l’échappée du cours de l’histoire à la maîtrise réfléchie des acteurs.
Au rebours de ce qu’était la marche antérieure de nos sociétés qui paraissait nous promettre les instruments d’une histoire davantage voulue en conscience et maîtrisée, cette révolution nous a jetés dans une histoire subie à laquelle nous contribuons malgré nous, nous ne pouvons pas ne pas y contribuer, mais dont le cours nous échappe et dont il est vain d’espérer détecter la direction. Aussi bien d’ailleurs que de lui assigner un quelconque aboutissement. Nous avons beau savoir que nous faisons cette histoire, l’expérience que nous en avons au quotidien ne nous laisse plus espérer que nous pourrions savoir ce que nous en faisons. Elle est un produit de notre action qui se soustrait à notre réflexion. En profondeur, elle cesse d’être même d’être vécue comme une Histoire en mesure de relier un passé intelligible avec un avenir plausible. Il ne reste plus qu’un chaos d’interactions obscures, sans passé auquel les relier ni futur identifiable qui pourrait en surgir. C’est de cet effacement, remarquons-le au passage, que naît le règne du présent. S’il n’y a plus ni passé auquel référer les actions au présent ou futur identifiable à partir de ces actions au présent, il ne reste effectivement que le présent. C’est cela le noyau du présentisme contemporain. L’idée d’Histoire comme référent collectif par rapport auquel se situer s’est évanouie. Et je crois qu’il ne faut pas aller chercher ailleurs le secret du brouillage des identités politiques. »
Marcel Gauchet
Qui sont les acteurs de l’histoire ?, conférence au 17e Rendez-vous de l’Histoire, Blois, 10 octobre 2014
Il est dans la nature de l’homme d’opprimer ceux qui cèdent…
« Il est dans la nature de l’homme d’opprimer ceux qui cèdent et de respecter ceux qui résistent. »
Thucydide
Histoire de la guerre du Péloponnèse, 431 – 411 avant notre ère, trad. Jacqueline de Romilly, Robert Laffont éditeur, coll. Bouquins, 1990
Il semble qu’un style de vie fondée sur l’idée de risque…
« Il semble qu’un style de vie fondée sur l’idée de risque (l’« aventure ») ou la notion de service est aujourd’hui sans écho […] La vraie raison de la disparition de la peine capitale est la généralisation de l’idée selon laquelle l’homme n’est pas responsable de lui-même, jointe à l’idée que la justice instituée n’a rien à voir avec la symbolique de la vengeance. […] En l’état actuel des choses, une majorité de Français refuserait de se battre pour défendre sa liberté. Nous sommes, en d’autres termes, dans une société qui pense que rien n’est pire que la mort, et notamment pas l’esclavage. L’inconvénient est que ce type de société finit toujours par mourir. Après avoir été esclave. »
Alain de Benoist
Orientations pour des années décisives, éditions Le Labyrinthe, 1982
La mondialisation est inéluctablement liée au développement industriel…
« La mondialisation est inéluctablement liée au développement industriel, mais telle qu’on nous l’impose, elle n’est rien d’autre qu’une régression : la soumission de la vie spirituelle et culturelle de l’humanité aux lois aveugles de la circulation du capital et de la technologie. »
Slobodan Despot
Entretien accordé à la revue Rébellion, nº 55, juillet-août 2012
Tu te dis libre ? Je veux connaître les pensées…
« Tu te dis libre ? Je veux connaître les pensées qui prédominent en toi. Ce n’est pas de savoir si tu as échappé à un joug, qui m’importe : es-tu de ceux qui ont le droit de se soustraire à un joug ? Nombreux sont les hommes qui perdent leur dernière valeur quand ils cessent de servir. Libre de quoi ? Qu’importe cela à Zarathoustra ! Ton regard tranquille doit me répondre : libre pour faire quoi ? »
Friedrich Nietzsche,
Le marteau parle in Ainsi parlait Zarathoustra – Un livre pour tous et pour personne (Also sprach Zarathustra – Ein Buch für Alle und Keinen), 1883 – 1885, trad. Geneviève Blanquis, éditions Garnier-Flammarion, 2006
L’étude des langues anciennes est le résultat…
« L’étude des langues anciennes est le résultat de la liberté et d’elle seule. C’est pourquoi je m’associerai ici à l’éloge le plus flatteur qu’on en ait jamais fait : les langues anciennes ne servent à rien. Si elles servaient, elles seraient, le mot le dit, serviles. Les esclaves ou les affranchis qui s’imaginent critiquer les langues anciennes en leur reprochant de ne pas accepter le joug de la consommation trahissent par là, sur leur cou, la présence ou la trace encore fraîche du collier. »
Rémi Brague
Modérément moderne, éditions Flammarion, 2014
L’ordre, et l’ordre seul, fait en définitive la liberté…
« L’ordre, et l’ordre seul, fait en définitive la liberté. Le désordre fait la servitude. »
Charles Péguy
Notre patrie, Les Cahiers de la Quinzaine, VII‑3, 1905, in Œuvres en prose complètes, Tome II, éditions Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1988
Le laisser-aller langagier est la concession majeure…
« […] Le laisser-aller langagier est la concession majeure faite aux esclaves mondialisés par des maîtres qui, n’en sachant eux-mêmes guère plus sur la langue, ne peuvent qu’abonder dans le sens des esclaves, en une langue infiniment divertie d’elle-même. Rien n’est grave, dans le monde horizontal, puisqu’il n’y a plus ni événement, ni valeur, ni sens, et que l’individu y règne en lieu et place des peuples : il est, l’individu, la synecdoque misérable du peuple. De la même façon que le sujet s’est éteint dans l’avènement de l’individu, on peut dire que la langue française est morte avec l’avènement de sa mauvaise conscience au sein de la communication. Mauvaise conscience qui, doublée d’une efficacité politique, conduit à l’anglais plus sûrement que le divertissement hollywoodien. »
Richard Millet
Arguments d’un désespoir contemporain, Hermann éditeurs, 2011
Avec le temps, la consommation et la production…
« Avec le temps, la consommation et la production à la chaîne rétrécissent l’individu, au sens où ses facultés inexprimées s’atrophient et le rendent moins capable de diversité, d’originalité, d’adaptation et d’autosuffisance. Sa dépendance aux biens fabriqués et à des services de plus en plus diversifiés grandit. Sa confiance en ses capacités diminue ; devant le moindre problème, il fait appel aux experts. Il laisse la conduite des affaires publiques aux politiciens, votant tantôt pour un parti, tantôt pour l’autre, mais sans avoir l’impression d’y changer grand chose. Finalement, il en arrive à avoir si peu confiance en lui et en ses possibilités d’influer sur le cours des choses qu’il est désabusé. Le sentiment d’impuissance qui l’envahit l’empêche d’envisager même la possibilité que la situation change. Et quand on se sent ainsi, il faut taire sa conscience ; car la conscience des injustices dans le monde, des menaces à la vie, de l’inutilité même de sa vie en même temps que le sentiment d’impuissance devant les possibilités d’y changer quoi que ce soit s’avère une situation intolérable. »
Serge Mongeau
La simplicité volontaire, plus que jamais…, 1985, éditions Ecosociété, 2005
Il est nécessaire de se préparer à la mort matin…
« Il est nécessaire de se préparer à la mort matin et soir et jour après jour. Car la peur de la mort rend lâche et dispose à l’esclavage. » Citation tirée du Hagakure, traité des Samouraïs.
Dominique Venner
Le Choc de l’histoire, éditions Via Romana, 2011
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