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Auteur

Jean Giono

Jean Giono, né en 1895 à Manosque et mort en 1970 dans la même ville, est un écrivain français. Un grand nombre de ses ouvrages ont pour cadre le monde paysan provençal. Inspirée par son imagination et ses visions de la Grèce antique, son œuvre romanesque, imprégnée de paganisme, dépeint la condition de l'homme dans le monde, face aux questions morales et métaphysiques, avec une portée universelle. Le succès de ses livres, en particulier Le Hussard sur le toit (1951), fait de lui l’un des plus grands écrivains français du XXe siècle.

Découvrez 14 citations de Jean Giono

Je voudrais te demander quelque chose…

« – Tu sais pas ? qu’il dit. Je vou­drais te deman­der quelque chose. Je peux pas en payant, mais je te le revau­drai. Donne-moi une tranche de ce pain. C’est pas pour moi, il ajoute parce qu’il voit que, déjà, elle le tend et que l’A­mou­reux va dire : « Apporte aus­si les olives. » C’est pas pour moi. Je vais te conter, puisque aus­si bien ça se sau­ra et puisque aus­si bien, c’est bien, somme toute. J’ai une femme, là-bas, avec moi, et ça lui fera plaisir :
- Prends-le tout, alors, dit Alphonsine.
De voir qu’on lui donne tout, ça lui fait dou­leur, ça lui fait cli­gner les yeux comme s’il mâchait du laurier.
– Je te le revaudrai.
– T’as qu’à faire ça si tu veux qu’on se fâche. »

Jean Gio­no
Regain, 1930, édi­tions Gras­set, coll. Les cahiers rouges, 2011

Tu rencontreras sur ta route des hommes…

« Fils, s’il t’est don­né de vivre, tu ren­con­tre­ras sur ta route des hommes qui sont sui­vis par des trou­peaux de mon­tagnes. Des hommes qui arrivent dans des pays, nus et crus. On remarque à peine que leurs mains ouvertes éclairent l’ombre comme des veilleuses. Quand on le remarque. Et voi­là que les mon­tagnes se lèvent et marchent à leur suite. Et voi­là que tous les méca­ni­ciens de rai­son tapent du poing sur leurs tables. Voi­là qu’ils crient : Il y a dix ans que je cherche des for­mules, dix ans que je noir­cis du papier, dix ans que j’use des arith­mé­tiques. Dix ans que je cherche le bou­ton secret”. Et celui-là est arri­vé et il a dit tout sim­ple­ment : Mon­tagne” et puis la mon­tagne s’est dres­sée. Où est la jus­tice ?
Elle est là, fis­ton la justice.
L’es­pé­rance… ” »

Jean Gio­no
Jean le Bleu, 1932, Édi­tions Gras­set, coll. Les cahiers rouges, 2005

Le plus important est d’avoir sous nos yeux…

« Disons tout de suite, par paren­thèse, que je sais qu’il y a un pro­blème démo­gra­phique à résoudre, et qu’il faut loger les gens. Mais qu’on ne me dise pas que c’est le plus impor­tant ; le plus impor­tant est d’a­voir sous nos yeux un monde dont l’as­pect ne nous fasse pas vomir. On doit pou­voir construire de belles mai­sons. Les géné­ra­tions qui nous ont pré­cé­dés l’ont fait ; sommes-nous donc si imbé­ciles, si inca­pables, que nous ne sachions plus le faire… »

Jean Gio­no
Les ter­rasses de l’île d’Elbe, 1976, édi­tions Gal­li­mard, coll. L’I­ma­gi­naire, 2017

Plus de blanc sur les cartes…

« Plus de blanc sur les cartes ! À part quelques touffes de roseaux instables aux sources du Nil, quelques marais fué­giens où les géo­graphes n’ont pas encore patau­gé, quelques nuages de pous­sière mal fixés dans les déserts d’Aus­tra­lie, tout le reste a été vu, revu, arpen­té, mesu­ré, éti­que­té, cata­lo­gué et clas­sé. Le monde est connu.
Mal connu : la mul­ti­pli­ci­té et la rapi­di­té de nos moyens d’in­for­ma­tion le déforment. Le cireur de bottes du coin parle de la Mon­go­lie et de la Chine comme s’il été le père Huc en per­sonne. Il les a vues à la télé. »

Jean Gio­no
Les Trois Arbres de Pal­zem, édi­tions Gal­li­mard, 1984

La civilisation de l’âtre…

« La civi­li­sa­tion de l’âtre, de la huche à pain, du vin de famille et du sillon court, suin­tait de par­tout. Des jar­dins pota­gers de trente mètres car­rés étaient soi­gnés comme des tapis­se­ries au point de croix ; on y avait fait alter­ner des raies de glaïeuls et des rangs de fèves. Les arbres, et sur­tout ceux qui ne rap­portent rien que de l’ombre, comme le pla­tane, avaient la beau­té franche des êtres qui sont aimés. On les sen­tait avoir leur place – et pas la der­nière – dans l’af­fec­tion d’une huma­ni­té habile à jouir. Et non par prin­cipe : par expérience. »

Jean Gio­no
Les Trois Arbres de Pal­zem, édi­tions Gal­li­mard, 1984

Cette intelligence de la médiocrité…

« Cette intel­li­gence de la médio­cri­té mar­que­ra dans le temps notre époque moderne. On la voit s’ex­pri­mer hau­te­ment et lar­ge­ment dans l’ar­chi­tec­ture, abon­dam­ment dans la lit­té­ra­ture, com­plè­te­ment dans la poli­tique. Seul un roman­tisme désuet, et dan­ge­reux, peut encore croire à l’in­tel­li­gence de la bra­voure, de la géné­ro­si­té, de la gran­deur d’âme et de l’a­mour. Ce sont des moyens par­faits de ne pas par­ve­nir”. À les exer­cer on y perd, non seule­ment la paix, ce qui est jus­tice somme toute, mais l’es­time d’autrui. »

Jean Gio­no
Les ter­rasses de l’île d’Elbe, 1976, édi­tions Gal­li­mard, coll. L’I­ma­gi­naire, 2017

L’architecte a introduit…

« L’ar­chi­tecte a intro­duit dans le cir­cuit des entre­pre­neurs qui intro­duisent des four­nis­seurs, des socié­tés ano­nymes ne tardent pas à appa­raître, et voi­là consti­tuée une de ces Grandes Com­pa­gnies”, une de ces inva­sions de bar­bares venus de l’in­té­rieur, sous les pas des­quelles l’herbe ne pousse plus. Tout est détruit, rasé, raclé ; quel­qu’un s’in­surge, défend un bel hôtel, un assem­blage de pierres admi­rable, une porte monu­men­tale, on l’a­bat sous les sar­casmes avec l’arme totale, l’im­pa­rable, celle à laquelle le pri­maire ne résiste pas : la néces­si­té de mar­cher avec son temps, et, s’il insiste, avec le mot pro­grès” qui est la bombe ato­mique des rai­son­ne­ments imbé­ciles. »

Jean Gio­no
Les ter­rasses de l’île d’Elbe, 1976, édi­tions Gal­li­mard, coll. L’I­ma­gi­naire, 2017

Toutefois le mal est fait…

« Tou­te­fois le mal est fait. Le pay­sage est détruit. On habite désor­mais dans un site inhar­mo­nique. Cette caco­pho­nie, si elle est insup­por­table aux âmes sen­sibles, ins­talle dans les âmes insen­sibles le besoin d’al­ler plus outre dans ces fausses voies où elles espèrent trou­ver une sorte de conten­te­ment qu’elles avaient, qu’elles n’ont plus. C’est ain­si qu’a­près toute une contrée, tout un pays peut s’en­lai­dir, et de plus en plus car, à l’o­ri­gine de cette lai­deur, il y a quel­qu’un qui pense pro­fit au lieu de pen­ser archi­tec­ture. Tout une popu­la­tion est mal à l’aise, sans savoir pourquoi. »

Jean Gio­no
La Chasse au bon­heur, édi­tions Gal­li­mard, 1988

C’était une nuit extraordinaire…

« C’é­tait une nuit extraordinaire.
Il y avait eu du vent, il avait ces­sé, et les étoiles avaient écla­té comme de l’herbe. Elles étaient en touffes avec des racines d’or, épa­nouies, enfon­cées dans les ténèbres et qui sou­le­vaient des mottes lui­santes de nuit.
Jour­dan ne pou­vait pas dor­mir. Il se tour­nait, il se retournait.
– Il a fait un clair de toute beau­té, se disait-il.
Il n’a­vait jamais vu ça.
Le ciel trem­blait comme un ciel de métal. On ne savait pas de quoi puisque tout était immo­bile, même le plus petit pom­pon d’o­sier. Ça n’é­tait pas le vent. C’é­tait tout sim­ple­ment le ciel qui des­cen­dait jus­qu’à tou­cher la terre, racler les plaines, frap­per les mon­tagnes et faire son­ner les cor­ri­dors des forêts. Après, il remon­tait au fond des hauteurs. »

Jean Gio­no
Que ma joie demeure, 1935, Édi­tions Gras­set, coll. Les cahiers rouges, 2011

Je me souviens de l’atelier de mon père…

« Je me sou­viens de l’a­te­lier de mon père. Je ne peux pas pas­ser devant l’échoppe d’un cor­don­nier sans croire que mon père est encore vivant, quelque part dans l’au-delà du monde, assis devant une table de fer­mée, avec son tablier bleu, son tran­chet, ses ligneuls, ses alènes, en train de faire des sou­liers en cuir d’ange pour quelque dieu à mille pieds. »

Jean Gio­no
Jean le Bleu, 1932, Édi­tions Gras­set, coll. Les cahiers rouges, 2005

Notre maison était la maison de la joie…

« Je lisais il y a quelques temps le récit que Jean Gué­hen­no a fait de sa jeu­nesse. On s’y débat dans le social le plus noir. Son père était cor­don­nier. Il en a fait un dam­né de la terre. Le mien aus­si était cor­don­nier, et à la même époque, notre mai­son était la mai­son de la joie, mais il faut dire que le social” n’y avait pas mis les pieds. On y fai­sait très atten­tion : s’il essayait, on le fou­tait à la porte. »

Jean Gio­no
Les ter­rasses de l’île d’Elbe, 1976, édi­tions Gal­li­mard, coll. L’I­ma­gi­naire, 2017

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