« [Ce que nous vivons ?] Une sortie brutale du monde du dû et du lien au monde du soi et du droit. »
Hervé Juvin
Le renversement du monde. Politique de la crise, éditions Gallimard, 2010
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« [Ce que nous vivons ?] Une sortie brutale du monde du dû et du lien au monde du soi et du droit. »
Hervé Juvin
Le renversement du monde. Politique de la crise, éditions Gallimard, 2010
« Le droit balise l’espace où l’économie pourra arraisonner l’histoire, la propriété et la société. […] Le droit fait de l’intérêt la seule patrie des hommes. »
Hervé Juvin
La grande séparation, éditions Gallimard, 2013
« Le divorce est consommé entre libéralisme et démocratie. Quand les marchés sont libres, les citoyens ne le sont plus guère, et s’ils peuvent l’être, si certains le sont, c’est la société qui ne l’est plus, tenue par autre chose, d’autres règles, d’autres lois qui lui sont étrangères, qui s’imposent à elle pour la dissoudre et pour lui substituer la collection d’individus séparés, par tout, et d’abord par leurs intérêts immédiats. La question de la justice, celle du social et de l’être-ensemble sont devant nous. Elles sont question de frontières et de séparations. Elles sont affaires de vie ou de mort.
C’est fini. L’« insurrection de la différence » (selon la formule de Georges Balandier) est devant nous. Elle répondra à l’utopie criminelle de la démocratie sans terre, qui conduit le libéralisme à détruire la démocratie – c’est-à-dire à nier la capacité de communautés humaines à décider souverainement de leur devenir – faute d’accepter la condition de leur constitution, qui est la séparation, l’écart et la singularité. Une société qui ne sait se nommer, se compter et se distinguer ne peut se conduire, elle perd la capacité du bien comme du mal. La confusion n’est pas amie de la liberté. »
Hervé Juvin
Le renversement du monde. Politique de la crise, éditions Gallimard, 2010
« Réaliser la décolonisation de l’Union européenne contre l’entreprise mondialiste est le premier et l’immense travail politique qui vient. Travail de retour à l’histoire et à la géographie. Travail de situation de tout ce qui parle, affiche, publie, témoigne, influe : d’où vient-il, et de qui ? Travail de survie, qui appelle le tour de garde de sentinelles éveillées : que chacun donne son mot de passe, que chacun dise quel est son nom, d’où il vient et de qui, qui le paie et pourquoi, nous n’avons plus le luxe de croire que les idées viennent de nulle part et que ceux qui parlent entendent seulement nous divertir. Travail de repérage, de mesure, de détection des cristaux que charrie la boue quotidienne de l’événement et de l’information. Travail de détection, de sélection et de discrimination, pour reconnaître les amis des ennemis et veiller aux portes. »
Hervé Juvin
Le renversement du monde. Politique de la crise, éditions Gallimard, 2010
« Les solutions de sortie de crise sont, publiquement du moins, toutes placées sous le signe éminemment convenable de plus d’individualisme, plus d’opportunités pour tous, plus de mobilité, ce qui signifie, concrètement, plus de liberté de mouvement des capitaux, plus d’échanges de biens et de services, plus d’ingérence et d’interdépendance, plus d’ouverture à l’envie et à la cupidité, à la fin plus de crédit et de dettes, plus d’uniformité et de conformité – plus de tout ce qui a provoqué la crise. »
Hervé Juvin
Le renversement du monde. Politique de la crise, éditions Gallimard, 2010