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Alain de Benoist

Né en 1943, écrivain français, journaliste, essayiste, conférencier, philosophe, Alain de Benoist a publié plus de 100 livres et plus de 2000 articles, aujourd'hui traduits dans une quinzaine de langues. Ses domaines de prédilection sont la philosophie politique et l'histoire des idées, mais il est aussi l'auteur de nombreux travaux portant notamment sur l'archéologie, les traditions populaires, l'histoire des religions ou les sciences de la vie. Il est considéré comme l’inspirateur du mouvement intellectuel dit de la « Nouvelle droite », même s’il récuse ce terme parce qu’il le trouve trop équivoque. 

Découvrez 71 citations d’Alain de Benoist

À quoi sert le militantisme ? Rarement à faire…

« À quoi sert le mili­tan­tisme ? Rare­ment à faire avan­cer la cause que l’on défend, mais avant tout à se for­mer soi-même. À se doter d’un carac­tère. À se struc­tu­rer, phy­si­que­ment et men­ta­le­ment. Le mili­tan­tisme est une école. Le mili­tan­tisme est un don de soi. Mais il peut aus­si être une alié­na­tion. Il aliène chaque fois qu’il empêche de pen­ser par soi-même. […] Il per­met d’acquérir une armure, mais peut faire oublier que la cui­rasse n’est pas le corps. Il y a une énorme dif­fé­rence entre un esprit enga­gé et un esprit par­ti­san. Même au ser­vice de la meilleure des causes, un esprit par­ti­san n’est jamais un esprit libre. L’important est de tou­jours s’engager à temps com­plet, avec dés­in­té­res­se­ment. La prio­ri­té, c’est tou­jours l’au-delà de soi. »

Alain de Benoist
ID maga­zine, n°9, prin­temps 2007

À l’ENA, on ne leur a pas appris la différence…

« À l’ENA, on ne leur a pas appris la dif­fé­rence entre la poli­tique et le poli­tique. On leur a seule­ment par­lé de régimes poli­tiques, de pra­tique gou­ver­ne­men­tale et de météo­ro­lo­gie élec­to­rale. La plu­part d’entre eux s’imaginent que la poli­tique se réduit à une ges­tion admi­nis­tra­tive ins­pi­rée du mana­ge­ment des grandes entre­prises. C’est, là, confondre le gou­ver­ne­ment des hommes avec l’administration des choses, et croire qu’il faut s’en remettre à l’avis des tech­ni­ciens et des experts. Dans une telle optique, il n’y aurait pour chaque pro­blème poli­tique qu’une seule solu­tion opti­male : « Il n’y a pas d’alternative » est un mot d’ordre typi­que­ment impo­li­tique. En poli­tique, il y a tou­jours des alter­na­tives parce qu’un même fait peut tou­jours être jugé dif­fé­rem­ment selon le contexte et les cri­tères d’appréciation rete­nus. Une autre forme clas­sique d’impolitique consiste à croire que les fins du poli­tique peuvent être déter­mi­nées par des caté­go­ries qui lui sont étran­gères – éco­no­miques, esthé­tiques ou morales par exemple. En réa­li­té, chaque acti­vi­té humaine a sa propre fina­li­té, sa propre morale et ses propres moyens. Dire qu’il y a une essence du poli­tique, c’est dire que la poli­tique est une acti­vi­té consub­stan­tielle à l’existence humaine au seul motif que l’homme est, par nature, un ani­mal poli­tique et social, et que la socié­té ne dérive pas, contrai­re­ment à ce qu’affirment les théo­ri­ciens du contrat, d’un « état de nature » pré­po­li­tique ou pré­so­cial. [Pour] Julien Freund, comme toute acti­vi­té humaine, la poli­tique pos­sède des pré­sup­po­sés, c’est-à-dire des condi­tions consti­tu­tives qui font qu’elle est ce qu’elle est, et non pas autre chose. Freund en retient trois : la rela­tion du com­man­de­ment et de l’obéissance, la rela­tion du public et du pri­vé, enfin la rela­tion de l’ami et de l’ennemi. Cette der­nière rela­tion est déter­mi­nante, car il n’y a de poli­tique que là où il y a pos­si­bi­li­té d’un enne­mi. Si, comme le dit Clau­se­witz, la guerre est la pour­suite de la poli­tique par d’autres moyens, c’est que le poli­tique est intrin­sè­que­ment conflic­tuel. Il en résulte qu’un monde sans fron­tières serait un monde d’où le poli­tique aurait dis­pa­ru. C’est en ce sens qu’un État mon­dial est une absurdité. »

Alain de Benoist
Entre­tien avec Nico­las Gau­thier, Bou­le­vard Vol­taire, 12 sep­tembre 2014

Nous avons tout perdu, disait Fichte, mais il nous reste…

« Nous avons tout per­du, disait Fichte, mais il nous reste l’éducation”. Et Nietzsche obser­vait : Où qu’apparaisse une gran­deur tant soit peu durable, on peut obser­ver une sélec­tion préa­lable très soi­gneuse – par exemple chez les Grecs”. Ne sous-esti­mons pas ce pou­voir de l’éducation, et rap­pe­lons-nous qu’à la nais­sance, le meilleur des dons n’est jamais pré­sent que sous une forme poten­tielle. D’où la néces­si­té de centres, de sémi­naires et de « cloîtres » où puisse mûrir une forme nou­velle de vie. Et pour cela d’abord édu­quer des édu­ca­teurs. Dans Par-delà bien et mal, Nietzsche écri­vait : Les grandes choses sont réser­vées aux grands, les pro­fon­deurs aux pro­fonds, les dou­ceurs et les fris­sons aux âmes sub­tiles, tout ce qui est rare aux êtres rares”. Avant de se gar­ga­ri­ser du mot élite” et de se tar­guer d’en faire par­tie, c’est à réunir des condi­tions qu’il paraît néces­saire d’œuvrer. Tra­vail à long terme, où il faut de la patience, de l’ordre, du goût, de la méthode et du temps. »

Alain de Benoist
Les idées à l’endroit, Édi­tions Libres-Hal­lier, 1979

Qu’est-ce qui distingue fondamentalement l’Empire de la nation ?

« Qu’est-ce qui dis­tingue fon­da­men­ta­le­ment l’Empire de la nation ? C’est d’abord le fait que l’Empire n’est pas seule­ment un ter­ri­toire, mais aus­si, et même essen­tiel­le­ment, un prin­cipe ou une idée. […] L’essentiel tient au fait que l’empereur tient son pou­voir de ce qu’il incarne un prin­cipe qui excède la simple pos­ses­sion. En tant que domi­nus mun­di, il est le suze­rain des princes et des rois, c’est-à-dire qu’il règne sur des sou­ve­rains, non sur des ter­ri­toires, et repré­sente une puis­sance trans­cen­dant les com­mu­nau­tés fédé­rées dont il assume la direc­tion. […] Evo­la rap­pelle éga­le­ment que « l’ancienne notion romaine de l’impe­rium, avant d’exprimer un sys­tème d’hégémonie ter­ri­to­riale supra­na­tio­nale, désigne la pure puis­sance du com­man­de­ment, la force qua­si mys­tique de l’auc­to­ri­tas » […]
L’Empire vise à uni­fier à un niveau supé­rieur sans sup­pri­mer la diver­si­té des cultures, des eth­nies et des peuples. Il cherche à asso­cier les peuples à une com­mu­nau­té de des­tin, sans pour autant les réduire à l’identique. Il est un tout où les par­ties sont d’autant plus auto­nomes que ce qui les réunit est plus solide – et ces par­ties qui le consti­tuent res­tent des ensembles orga­niques dif­fé­ren­ciés. Moel­ler van den Bruck pla­çait l’Empire sous le signe de l’unité des contraires, et c’est une image qu’on peut en effet rete­nir. Julius Evo­la, lui, défi­nis­sait l’Empire comme « une orga­ni­sa­tion supra­na­tio­nale telle que l’unité n’agisse pas dans le sens d’une des­truc­tion et d’un nivel­le­ment de la mul­ti­pli­ci­té eth­nique et cultu­relle qu’elle englobe ». C’est l’image clas­sique de l’uni­ver­si­tas, par oppo­si­tion à la socie­tas uni­taire et cen­tra­li­sée. La dif­fé­rence n’y est pas abo­lie, mais intégrée. »

Alain de Benoist
L’empire inté­rieur, édi­tions Fata Mor­ga­na, 1995

Il y a deux façons principales d’envisager l’homme et la société…

« Il y a deux façons prin­ci­pales d’envisager l’homme et la socié­té. Ou bien la valeur fon­da­men­tale est pla­cée dans l’individu (et, par suite, dans l’humanité, for­mée de l’addition de tous les indi­vi­dus) : c’est l’idée chré­tienne, bour­geoise, libé­rale et socia­liste. Ou bien la valeur fon­da­men­tale, ce sont les peuples et les cultures, notions émi­nem­ment plu­rielles qui fondent une approche « holiste » de la socié­té. Dans un cas, l’humanité, somme de tous les indi­vi­dus, est éga­le­ment « conte­nue » dans chaque être humain par­ti­cu­lier : on est d’abord un « homme », et secon­dai­re­ment seule­ment, comme par acci­dent, membre d’une culture et d’un peuple. Dans l’autre, l’humanité n’est que l’ensemble des cultures et des com­mu­nau­tés popu­laires : c’est par ses appar­te­nances orga­niques que l’homme est fon­dé dans son huma­ni­té. D’un côté, on a Des­cartes, les Ency­clo­pé­distes et l’idéologie des droits de l’homme ; la natio­na­li­té et la socié­té reposent sur le choix élec­tif indi­vi­duel et le contrat-plé­bis­cite révo­cable uni­la­té­ra­le­ment. De l’autre, on a Leib­niz, Her­der, le droit des cultures et la cause des peuples ; la natio­na­li­té et la socié­té reposent sur l’héritage cultu­rel et his­to­rique. La dif­fé­rence entre ces deux concep­tions se retrouve jusque dans la façon d’envisager l’histoire et le struc­ture du réel. Nous sommes bien évi­dem­ment, quant à nous, du côté du holisme. L’individu, à nos yeux, n’existe qu’en liai­son avec les col­lec­ti­vi­tés dans les­quelles ils s’inclut (et par rap­port aux­quelles il se sin­gu­la­rise). Toute acti­vi­té indi­vi­duelle repré­sente un acte par­ti­ci­pant de la vie d’un peuple. L’intérêt de l’individu ne sau­rait être appré­cié « en soi ». »

Alain de Benoist
Orien­ta­tions pour des années déci­sives, édi­tions Le Laby­rinthe, 1982

Redéfinie dans un sens libéral, la démocratie n’est plus…

« Redé­fi­nie dans un sens libé­ral, la démo­cra­tie n’est plus le régime qui consacre la sou­ve­rai­ne­té du peuple, mais celui qui « garan­tit les droits de l’homme », enten­dons par là des droits sub­jec­tifs, inhé­rents à la per­sonne humaine et décla­rés pour cette rai­son à la fois « natu­rels et impres­crip­tibles ». Pour les libé­raux, ces droits de l’homme priment la sou­ve­rai­ne­té du peuple au point que celle-ci n’est plus res­pec­tée que pour autant qu’elle ne les contre­dise pas : l’exercice de la démo­cra­tie est ain­si pla­cé sous condi­tions, à com­men­cer par celle de res­pec­ter les « droits inalié­nables » que pos­sè­de­rait tout indi­vi­du à rai­son même de sa seule existence. »

Alain de Benoist
Pour une Europe illi­bé­rale, allo­cu­tion au sixième col­loque de l’Institut Iliade, Paris, Mai­son de la Chi­mie, 6 avril 2019

Les qualités propres à l’aristocratie sont difficiles à décrire…

« Les qua­li­tés propres à l’aristocratie sont dif­fi­ciles à décrire, parce qu’elles viennent du cœur et de l’âme plus que du seul intel­lect ou de la seule « rai­son morale ». De même que l’aristocratie relie le peuple aux dieux, elle relie le ciel à la terre, comme l’arbre du monde dans les anciennes mytho­lo­gies. Elle relie aus­si le visible à l’invisible, le fini à l’infini, ce qui se décrit à ce qui ne peut pas se dire. Elle montre les choses mais elle ne les dit pas. »

Alain de Benoist
Les idées à l’endroit, Édi­tions Libres-Hal­lier, 1979

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