« L’homme ne vaut que dans la mesure où il est capable de lutter pour défendre ce qui vaut plus que lui-même. »
Alain de Benoist
Ce que penser veut dire, Éditions du Rocher, 2017
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« L’homme ne vaut que dans la mesure où il est capable de lutter pour défendre ce qui vaut plus que lui-même. »
Alain de Benoist
Ce que penser veut dire, Éditions du Rocher, 2017
« À quoi sert le militantisme ? Rarement à faire avancer la cause que l’on défend, mais avant tout à se former soi-même. À se doter d’un caractère. À se structurer, physiquement et mentalement. Le militantisme est une école. Le militantisme est un don de soi. Mais il peut aussi être une aliénation. Il aliène chaque fois qu’il empêche de penser par soi-même. […] Il permet d’acquérir une armure, mais peut faire oublier que la cuirasse n’est pas le corps. Il y a une énorme différence entre un esprit engagé et un esprit partisan. Même au service de la meilleure des causes, un esprit partisan n’est jamais un esprit libre. L’important est de toujours s’engager à temps complet, avec désintéressement. La priorité, c’est toujours l’au-delà de soi. »
Alain de Benoist
ID magazine, n°9, printemps 2007
« À l’ENA, on ne leur a pas appris la différence entre la politique et le politique. On leur a seulement parlé de régimes politiques, de pratique gouvernementale et de météorologie électorale. La plupart d’entre eux s’imaginent que la politique se réduit à une gestion administrative inspirée du management des grandes entreprises. C’est, là, confondre le gouvernement des hommes avec l’administration des choses, et croire qu’il faut s’en remettre à l’avis des techniciens et des experts. Dans une telle optique, il n’y aurait pour chaque problème politique qu’une seule solution optimale : « Il n’y a pas d’alternative » est un mot d’ordre typiquement impolitique. En politique, il y a toujours des alternatives parce qu’un même fait peut toujours être jugé différemment selon le contexte et les critères d’appréciation retenus. Une autre forme classique d’impolitique consiste à croire que les fins du politique peuvent être déterminées par des catégories qui lui sont étrangères – économiques, esthétiques ou morales par exemple. En réalité, chaque activité humaine a sa propre finalité, sa propre morale et ses propres moyens. Dire qu’il y a une essence du politique, c’est dire que la politique est une activité consubstantielle à l’existence humaine au seul motif que l’homme est, par nature, un animal politique et social, et que la société ne dérive pas, contrairement à ce qu’affirment les théoriciens du contrat, d’un « état de nature » prépolitique ou présocial. [Pour] Julien Freund, comme toute activité humaine, la politique possède des présupposés, c’est-à-dire des conditions constitutives qui font qu’elle est ce qu’elle est, et non pas autre chose. Freund en retient trois : la relation du commandement et de l’obéissance, la relation du public et du privé, enfin la relation de l’ami et de l’ennemi. Cette dernière relation est déterminante, car il n’y a de politique que là où il y a possibilité d’un ennemi. Si, comme le dit Clausewitz, la guerre est la poursuite de la politique par d’autres moyens, c’est que le politique est intrinsèquement conflictuel. Il en résulte qu’un monde sans frontières serait un monde d’où le politique aurait disparu. C’est en ce sens qu’un État mondial est une absurdité. »
Alain de Benoist
Entretien avec Nicolas Gauthier, Boulevard Voltaire, 12 septembre 2014
« “Nous avons tout perdu, disait Fichte, mais il nous reste l’éducation”. Et Nietzsche observait : “Où qu’apparaisse une grandeur tant soit peu durable, on peut observer une sélection préalable très soigneuse – par exemple chez les Grecs”. Ne sous-estimons pas ce pouvoir de l’éducation, et rappelons-nous qu’à la naissance, le meilleur des dons n’est jamais présent que sous une forme potentielle. D’où la nécessité de centres, de séminaires et de « cloîtres » où puisse mûrir une forme nouvelle de vie. Et pour cela d’abord éduquer des éducateurs. Dans Par-delà bien et mal, Nietzsche écrivait : “Les grandes choses sont réservées aux grands, les profondeurs aux profonds, les douceurs et les frissons aux âmes subtiles, tout ce qui est rare aux êtres rares”. Avant de se gargariser du mot “élite” et de se targuer d’en faire partie, c’est à réunir des conditions qu’il paraît nécessaire d’œuvrer. Travail à long terme, où il faut de la patience, de l’ordre, du goût, de la méthode et du temps. »
Alain de Benoist
Les idées à l’endroit, Éditions Libres-Hallier, 1979
« Qu’est-ce qui distingue fondamentalement l’Empire de la nation ? C’est d’abord le fait que l’Empire n’est pas seulement un territoire, mais aussi, et même essentiellement, un principe ou une idée. […] L’essentiel tient au fait que l’empereur tient son pouvoir de ce qu’il incarne un principe qui excède la simple possession. En tant que dominus mundi, il est le suzerain des princes et des rois, c’est-à-dire qu’il règne sur des souverains, non sur des territoires, et représente une puissance transcendant les communautés fédérées dont il assume la direction. […] Evola rappelle également que « l’ancienne notion romaine de l’imperium, avant d’exprimer un système d’hégémonie territoriale supranationale, désigne la pure puissance du commandement, la force quasi mystique de l’auctoritas » […]
L’Empire vise à unifier à un niveau supérieur sans supprimer la diversité des cultures, des ethnies et des peuples. Il cherche à associer les peuples à une communauté de destin, sans pour autant les réduire à l’identique. Il est un tout où les parties sont d’autant plus autonomes que ce qui les réunit est plus solide – et ces parties qui le constituent restent des ensembles organiques différenciés. Moeller van den Bruck plaçait l’Empire sous le signe de l’unité des contraires, et c’est une image qu’on peut en effet retenir. Julius Evola, lui, définissait l’Empire comme « une organisation supranationale telle que l’unité n’agisse pas dans le sens d’une destruction et d’un nivellement de la multiplicité ethnique et culturelle qu’elle englobe ». C’est l’image classique de l’universitas, par opposition à la societas unitaire et centralisée. La différence n’y est pas abolie, mais intégrée. »
Alain de Benoist
L’empire intérieur, éditions Fata Morgana, 1995
« Le totalitarisme surgit de l’atomisation de la société, qui accompagne historiquement la montée et l’émancipation politique de la classe bourgeoise. »
Alain de Benoist
Ce que penser veut dire, Éditions du Rocher, 2017
« L’éthique de l’honneur dont l’Antiquité était familière : le courage, l’héroïsme, l’énergie, la virtu, le désintéressement, la tenue, le sens du sacrifice et de la gratuité, le refus instinctif de la bassesse et de la lâcheté, sans oublier le goût du travail bien fait. »
Alain de Benoist
Ce que penser veut dire, Éditions du Rocher, 2017
« Il y a deux façons principales d’envisager l’homme et la société. Ou bien la valeur fondamentale est placée dans l’individu (et, par suite, dans l’humanité, formée de l’addition de tous les individus) : c’est l’idée chrétienne, bourgeoise, libérale et socialiste. Ou bien la valeur fondamentale, ce sont les peuples et les cultures, notions éminemment plurielles qui fondent une approche « holiste » de la société. Dans un cas, l’humanité, somme de tous les individus, est également « contenue » dans chaque être humain particulier : on est d’abord un « homme », et secondairement seulement, comme par accident, membre d’une culture et d’un peuple. Dans l’autre, l’humanité n’est que l’ensemble des cultures et des communautés populaires : c’est par ses appartenances organiques que l’homme est fondé dans son humanité. D’un côté, on a Descartes, les Encyclopédistes et l’idéologie des droits de l’homme ; la nationalité et la société reposent sur le choix électif individuel et le contrat-plébiscite révocable unilatéralement. De l’autre, on a Leibniz, Herder, le droit des cultures et la cause des peuples ; la nationalité et la société reposent sur l’héritage culturel et historique. La différence entre ces deux conceptions se retrouve jusque dans la façon d’envisager l’histoire et le structure du réel. Nous sommes bien évidemment, quant à nous, du côté du holisme. L’individu, à nos yeux, n’existe qu’en liaison avec les collectivités dans lesquelles ils s’inclut (et par rapport auxquelles il se singularise). Toute activité individuelle représente un acte participant de la vie d’un peuple. L’intérêt de l’individu ne saurait être apprécié « en soi ». »
Alain de Benoist
Orientations pour des années décisives, éditions Le Labyrinthe, 1982
« Redéfinie dans un sens libéral, la démocratie n’est plus le régime qui consacre la souveraineté du peuple, mais celui qui « garantit les droits de l’homme », entendons par là des droits subjectifs, inhérents à la personne humaine et déclarés pour cette raison à la fois « naturels et imprescriptibles ». Pour les libéraux, ces droits de l’homme priment la souveraineté du peuple au point que celle-ci n’est plus respectée que pour autant qu’elle ne les contredise pas : l’exercice de la démocratie est ainsi placé sous conditions, à commencer par celle de respecter les « droits inaliénables » que possèderait tout individu à raison même de sa seule existence. »
Alain de Benoist
Pour une Europe illibérale, allocution au sixième colloque de l’Institut Iliade, Paris, Maison de la Chimie, 6 avril 2019
« Les qualités propres à l’aristocratie sont difficiles à décrire, parce qu’elles viennent du cœur et de l’âme plus que du seul intellect ou de la seule « raison morale ». De même que l’aristocratie relie le peuple aux dieux, elle relie le ciel à la terre, comme l’arbre du monde dans les anciennes mythologies. Elle relie aussi le visible à l’invisible, le fini à l’infini, ce qui se décrit à ce qui ne peut pas se dire. Elle montre les choses mais elle ne les dit pas. »
Alain de Benoist
Les idées à l’endroit, Éditions Libres-Hallier, 1979
« Il y a toujours une part de notre adolescence à laquelle nous ne survivons pas. »
Alain de Benoist
Mémoire vive, entretiens avec François Bousquet, éditions de Fallois, 2012